Le passage du prêtre X et son retour

(Les proches m’ont demandé de supprimer les initiales de leur père.)
J’ai pu vivre maints miracles grâce à mes dons. Ce que j’ai vécu auprès d’un de mes patients en particulier, fut non seulement miraculeux, mais m’a également permis de connaître les forces chez l’homme, notamment au moment où il échange sa vie terrestre pour la vie éternelle après avoir mené une existence fructueuse.
Pour les uns, le passage est synonyme de bonheur, et pour les autres, de souffrance, de chagrin, ainsi que d’une profonde obscurité.
Ceux qui possèdent de l’amour et qui sont en même temps ouverts à la vie, seront les esprits heureux dans l’au-delà. Ces derniers verront de la lumière et recevront à leur tour l’amour qu’ils ont tant donné durant leur vie terrestre.
Dieu connaît leur vie, c’est pourquoi ce qu’ils recevront sera à la mesure de leur force intérieure.
Une patiente vint un jour me demander un diagnostic à partir d’une photo d’une de ses connaissances.
Je pris la photo entre mes mains, et au bout de quelques minutes, j’entendis Alcar dire: “Il n’y a plus rien à faire.
La maladie est trop avancée et il en mourra.
Dis-lui que tu ne peux pas le guérir,
mais que tu proposes un traitement, s’ils le souhaitent.”
Je transmis ce message à la dame et elle dit: “J’ai eu tellement de mal à le convaincre.
Cet homme est prêtre, et sa religion le retient.
J’ai enfin pu le persuader, et maintenant vous me dites que vous ne pouvez pas l’aider?”
“Je peux l’aider,” lui dis-je, “mais je ne peux pas le guérir.”
“J’en suis profondément navrée,” répondit-elle. “Nous aimerions tellement le garder!
C’est un homme si bon!
Quoi qu’il en soit, vos soins pourront le soulager, n’est-ce pas?”
“Bien sûr,” disais-je.
“Oui, mais n’en dites rien à ses proches. Ils ne doivent pas le savoir.
Autre chose encore, ajoutai-je:
je dois quitter la ville dans un mois.”
“Pour longtemps?” demanda-t-elle.
“Pour trois semaines.”
“Comment faire alors?
Si je l’emmenais quand même auprès de vous? Ainsi vous établirez un contact que vous reprendrez dès votre retour.”
“Je suis d’accord,” lui répondis-je.
“Son cas est-il grave?”
“Oui, très grave.”
Plusieurs jours s’écoulèrent avant que le malade en question me rende visite.
Il s’agissait d’un homme grand et mince, de belle allure.
Il dégageait quelque chose que je reconnus aussitôt.
Ses beaux yeux d’enfants étaient bleus et rayonnaient d’amour.
Il s’allongea pour le traitement et fut très curieux de savoir ce qui allait se passer, car personne ne l’avait jamais magnétisé auparavant.
Il se remit entre mes mains en toute confiance et ferma les yeux.
Après le traitement, qui visiblement lui avait fait du bien, il dit: “Regardez mon pantalon et ma veste, ils font deux fois ma taille. J’ai beaucoup maigri.”
Le prêtre riait de sa propre apparence.
Il était de nationalité étrangère et parlait néerlandais avec un léger accent. Sa voix était si sympathique qu’on ne pouvait que l’aimer en l’écoutant.
Quelle gentillesse, c’est si agréable à entendre, pensai-je.
“Le traitement m’a apaisé et m’a fait beaucoup de bien,” dit-il. “Vous avez beaucoup de force.”
Je possédais une statue du Christ, faite et offerte par une de mes patientes. En la regardant il me demanda: “Êtes-vous croyant?”
“Oui,” répondis-je, “je suis profondément croyant.”
“C’est une belle statue.
L’auteur de cette œuvre est un grand homme. C’est magnifique.”
La manière dont il prononça ce dernier mot laissait transparaître toute sa personnalité.
“Magnifique,” répéta-t-il. “Très sensible!”
Il prit congé.
Lorsqu’il revint pour la deuxième fois, la première chose que son regard chercha fut le Christ. L’image de l’enfant parfait de Dieu l’intéressait extrêmement,
ce que je comprenais parfaitement, puisqu’il était prêtre.
“Vous m’avez fait beaucoup de bien,” déclara-t-il, “beaucoup de bien.
Je suis content de m’être décidé à suivre votre traitement.
Saviez-vous que j’étais prêtre?”
“Je l’ai entendu dire, en effet,” répondis-je.
“Ah, par elle!” dit-il en souriant.
“Oui, elle me l’a raconté,” lui dis-je.
Quel sourire d’ange, pensai-je, il doit sans doute envoûter chaque cœur auquel il s’adresse.
Celui qui le voyait sourire ne pouvait que sentir l’amour le traverser.
“Je n’ai jamais voulu entendre parler de spiritisme, mais vous, je vous fais entièrement confiance.”
Je le remerciai du compliment et commençai le traitement.
En le magnétisant, je sentais que son regard restait fixé sur le Christ, ce qui me permis de l’atteindre en profondeur.
C’est un grand bonheur de pouvoir aider les gens de cette façon.
Il s’imprégnait de mon rayonnement, et les forces magnétiques ne tarderaient pas à le soulager.
Je sentais que nous étions profondément connectés.
Des gens comme lui, je n’en voyais pas souvent:
rares sont ceux qui savent s’ouvrir entièrement.
Je regrettais de ne pas pouvoir le guérir, mais il aurait fallu d’autres forces plus puissantes pour cela.
J’avais confiance en ce que mon guide spirituel m’avait transmis, mais ma déception n’en était pas moins grande.
Le traitement que je lui fis ce jour-là lui fut également bénéfique.
“Vous m’avez bien aidé,” dit-il.
“Je fais de mon mieux. Espérons que cela continuera à vous faire du bien.
Il nous faudra patienter.”
Je le sondai en même temps pour connaître ses sentiments concernant sa santé. Il était parfaitement tranquille.
“Oui, nous ne sommes qu’humains,” dit-il en regardant le Christ.
Je compris son regard: il signifiait que nous devrions devenir comme Lui.
Le prêtre ferma ses yeux bleus et dit: “Le Fils des Hommes.”
Je sentais chez lui un grand amour pour le Christ.
Pendant un instant, il sembla réfléchir intensément,
mais lorsqu’il me regarda, ses yeux étaient comme deux soleils, et une grande chaleur m’envahit. C’était la chaleur qu’il portait intérieurement.
Quel moment merveilleux, me dis-je, il se donne entièrement.
L’homme ressemblait à un soleil, et de tout son être émanait de l’amour.
Il allait de soi que ses proches voulaient le garder, et ne pouvaient imaginer se passer de lui.
“J’ai vécu énormément de choses,” déclara-t-il.
Je compris ce qu’il voulait dire.
Il pensait à sa vie et se connectait avec cette nouvelle expérience.
“Je n’ai jamais eu affaire à ce genre de choses, continua-t-il, malgré tout ce que j’en sais.
Mais à présent je dois rentrer chez moi.” Le prêtre partit.
Au bout du troisième traitement, nous étions déjà devenus de bons amis.
Nous étions sur la même longueur d’ondes, et il commença prudemment à poser des questions.
Toutes ses questions concernaient sa propre vie et la religion.
Il était profondément touché par la souffrance dans le monde car il était injuste, d’après lui, que tant de gens souffrent.
Il ressentait toute cette souffrance et cela le rendait triste.
Je sentis en lui la capacité de déplacer des montagnes.
Ce prêtre possédait une foi profonde et une grande confiance en la justice divine.
Lorsqu’il évoquait sa vie ou la misère des hommes, les larmes lui venaient aux yeux, et sa voix contenait beaucoup d’amour.
Je lui proposai de voir mes tableaux médiumniques.
“Volontiers,” répondit-il, “mais il faudra alors que vous me les expliquiez, car je veux connaître leur signification.”
Je lui confiai que je ne savais pas dessiner, ni peindre et que je “recevais” les tableaux lorsque j’étais en transe.
Il sourit sans dire un mot,
mais dans son sourire je sentis son admiration à l’égard de ce phénomène.
Il contempla longuement mes œuvres.
“C’est miraculeux,” dit-il enfin, “mais inquiétant.”
“Inquiétant,” repris-je, “pourquoi donc inquiétant?
N’est-ce pas une joie de recevoir d’aussi belles choses?
Les esprits viennent avec de bonnes intentions,
et on ne voit rien de mal sur ces tableaux.
Tout cela exprime l’amour et la foi, la foi en une vie éternelle.
Ce que j’ai reçu est synonyme d’amour.”
Le prêtre continua à sourire
et passa d’un tableau à un autre.
Il réfléchit longuement, comme s’il voulait résoudre cette énigme tout seul.
Puis il regarda le Christ, et on eût dit qu’il attendait Sa réponse pour connaître la vérité.
Je le laissai faire car j’avais de l’estime pour sa personne.
Je ne voulais en aucun cas m’imposer à lui.
Une fois qu’il eut tout vu, il me dit: “Je dois m’en aller. Nous parlerons de tout cela plus tard.”
Il serra chaleureusement mes mains et prit congé.
La fois suivante, il me demanda à brûle-pourpoint: “Croyez-vous en la Sainte Vierge Marie?”
En la Sainte Marie, pensais-je, que signifie cette question?
Après avoir mieux saisi ce qu’il voulait dire, je répondis: “Mais bien sûr que Je crois en la Sainte Vierge Marie.
Je crois en tous les saints,
puisque cela faisait partie de ma religion.”
“Cela ne le fait plus?”
Je le sondai une nouvelle fois pour savoir où il voulait en venir, avant de répondre. “Je vais vous expliquer,” dis-je.
Le prêtre regarda en direction du Christ, comme s’il pressentait ce que j’allais dire.
“J’ai reçu une autre religion de la part des esprits, donc de ceux qui nous ont précédés.
Cette religion est plus profonde que celle que je connaissais et pratiquais autrefois.
Je dois vous préciser avant tout que je n’appelle pas les esprits, parce qu’ils refusent qu’on les appelle.
Je crois en tous les saints: pourquoi est-ce que je ne croirais plus en eux maintenant que j’ai cette conviction?
Les saints que vous connaissez ont à présent une signification très différente et plus profonde pour moi.
Je commence à comprendre leur vie terrestre, ainsi que la mission qu’ils devaient accomplir.
Oui, je sens combien leur vie a été belle,
alors que j’en étais incapable autrefois. Ce sont les esprits qui me l’ont appris.
Ceux qui sont morts sur terre et reviennent vers nous connaissent tous ces saints, et savent comment doit être notre vie pour atteindre cette sainteté.
Ils nous disent d’aimer la vie, que nous serons heureux et que nous reverrons les saints après la mort, si notre vie a été bonne.”
Le prêtre acquiesça de la tête pour montrer son approbation et je continuai.
“Les leçons que je reçois de la vie spirituelle traitent toujours des problèmes essentiels de l’humanité: la foi et l’amour.
Ils me montrent comment je dois vivre si je veux connaître le bonheur et la lumière dans la vie après la mort.
Cette vie-là, je la trouve dans la nature, où j’apprends à connaître la vie de Dieu.
Car la nature est Dieu, disent-ils.
Leur enseignement est profond et véritable.
Ils me racontent leur vie, et j’ai pu la voir à plusieurs reprises en me délivrant de mon corps.
J’ai pu voir de mes propres yeux à quel point leur vie est sacrée.
Ils disent, comme je vous l’ai déjà dit, que nous devons aimer toute vie, car elle a été créée par Dieu.
Ceux qui disent de telles choses ne peuvent être des démons, n’est-ce pas?
Les hommes sont incapables d’y croire alors que c’est la vérité.
Croyez-moi, si je recevais de la nourriture spirituelle qui entrave mon évolution, je ne voudrais pas avoir affaire aux esprits.
Or, tout a été pur et vrai depuis le début, et je suppose que cela en sera toujours ainsi.
Tout ce que j’ai reçu grâce à eux est synonyme d’amour, voilà ce qui est devenu ma religion.
Vous dites bien vous y connaître, vous pourrez donc me comprendre.
Ils me renvoient à Lui, à cette grande figure qui se trouve derrière vous, le Christ.
Tous les hommes doivent suivre Son exemple, disent-ils.
Il est mort pour nous, et nous recevrons Son amour si nous suivons le chemin que les esprits nous indiquent.
Ils vivent derrière un voile qu’ils soulèvent pour moi.
N’est-ce pas merveilleux de pouvoir plonger un regard dans leur vie si belle et si pure?
C’est une bénédiction pour laquelle je suis très reconnaissant.
Pouvoir servir des esprits élevés en tant qu’instrument est une tâche importante et merveilleuse, mais il est très difficile de bien l’accomplir.
Ma vie a changé depuis le premier contact avec eux.
Ils disent que toutes les religions sont unies et qu’elles contiennent toutes la vérité.
Mais la connexion, la foi que je possède à présent est plus profonde que tout le reste.
Grâce aux esprits, j’ai appris à connaître des lois spirituelles qu’aucune autre religion n’aurait pu m’apprendre, car je suis connecté avec ces lois.
Eux-mêmes les représentent. Ils me montrent et m’expliquent comment a été leur vie sur terre, et comment elle est devenue.
Ils sont heureux et le resteront éternellement.”
“Croyez-vous réellement que nous poursuivrons notre vie après notre mort, et qu’elle sera alors comme ils le disent?” demanda-t-il soudain.
“Mais bien sûr.
Comme je vous le disais, je les vois et je connais leur vie.
Je l’ai observée à plusieurs reprises, aussi, je vous garantis que l’homme ne change pas une fois qu’il est entré dans cette vie-là.
Nous restons tels que nous sommes,
rien ne change.”
Il sourit à nouveau sans rien dire.
“Vous ne pouvez l’accepter?” lui demandai-je.
“Non,” répondit-il avec franchise, “cela me semble trop incroyable, trop beau pour être vrai.”
“Vous croyez en une vie éternelle, et néanmoins vous pensez que tout sera différent?”
“Je ne sais pas, mais je verrai bien.”
“C’est pourtant la vérité.”
“Vous êtes prêtre vous aussi,” me dit-il.
“Tous ceux qui se trouvent sur le chemin spirituel et qui en font part aux autres sont des prêtres,” poursuivis-je.
Il me regarda droit dans les yeux et dit: “Très bien, c’est très clair.”
Lorsqu’il fut parti, j’entendis Alcar me dire: “Un homme dans le vrai sens du terme.
Il y a peu de prêtres comme lui.
Sur terre, on peut les compter sur les doigts d’une main.
Il ne lui reste pas beaucoup de temps à vivre, et il verra bientôt notre vie.
Sa vie s’accorde avec la vie spirituelle.”
Quel bonheur d’entendre Alcar parler de lui de cette façon, pensais-je.
Puis mon maître ajouta: “Tu le connaîtras davantage.”
Un après-midi, je terminais mon traitement lorsque le prêtre me demanda soudain: “Mais que me donnez-vous?
Après chaque traitement je me sens tellement requinqué, et de bonne humeur.
Que faites-vous quand vous mettez vos mains si doucement sur mon corps, là où j’ai mal?”
“Ce que je fais?
Je vais vous le dire.
Lorsque je ferme les yeux, je prie et je demande à Dieu de me donner la force de vous aider, et d’atténuer vos souffrances.
Je ne peux rien faire sans Son aide ou sans Sa force.
Lorsque je prie, je me concentre sur vous et je ressens dans mon propre corps où se situent vos douleurs.
Ensuite, je me concentre sur mon guide spirituel qui me dit ce qu’il y a à faire. J’agis en fonction de cela.
Tout est lié à votre maladie, parce qu’Alcar veut transformer la souffrance et le chagrin des hommes en bonheur.
Non seulement au niveau physique, mais surtout au niveau spirituel.
Je sens et je vois sa présence auprès de moi. Oui, je l’entends même parler.
Il voit à travers la matière, et toute ma sagesse vient de lui.
Je ne suis rien et ne sais rien faire sans lui. Je me donne corps et âme.
Lorsqu’il me dit d’arrêter, je sais que le traitement a été suffisant.
Je peux lui faire confiance et compter sur lui pour tout.
Il est en même temps un maître et un père pour moi. Je vois grâce à lui, et c’est également lui qui m’a appris à connaître la vie. Il résoudra chaque énigme spirituelle pour moi.
Grâce à lui, j’ai appris à apprécier l’amour sacré de Dieu, dans la mesure du possible, puisque je ne suis qu’un homme, n’est-ce pas?
Entre ses mains aimantes, les gens se sentent en sécurité. Ils peuvent s’abandonner entièrement à lui.
Mon maître, vénérable père, est un esprit d’amour, et tous ceux qui se connectent avec moi le connaîtront comme tel.
Celui qui se met entre les mains d’ Alcar ne sera jamais déçu.”
“Qui vous l’a transmis?” demanda le prêtre en me regardant d’un air surpris.
“D’où vient ce nom?”
“C’est lui-même.
Je vous ai déjà dit que je suis en mesure de voir et d’entendre parler les esprits.
Il m’a donné son nom spirituel.
Pendant sa vie sur terre, il avait un autre nom.
Je vois son apparition magnifique. Il dégage une lumière claire et pure, et sa doctrine est comme la Sienne.”
m’exclamai-je en pointant mon doigt vers la statue du Christ.
“Tout est amour!”
“C’est merveilleux,” dit-il.
“Cela me fait du bien et me réconforte.
Pourvu que cela ne change pas.”
“Je ferai en sorte que cela ne change pas.
Il s’agit d’une grâce, et je ne veux pas être ingrat.
Mes dons sont sacrés, c’est pour eux que je vis. Au fond de moi, j’ai déjà dit adieu à la terre.
Croyez-moi si je vous dis que je connais mieux la vie après la mort que la vie sur terre.”
“Vous avez de nombreuses ressources,” me dit-il.
“Oui, c’est vrai.”
Je répète que je suis très reconnaissant.
Je suis un médium clairvoyant et clair-entendant. Je possède le don de la peinture et de l’écriture automatique, ainsi que le don de la guérison. Cependant, le don de la désincarnation demeure le don le plus beau.
Séjourner avec les esprits et voir leur vie est une merveille.
C’est un don divin considérable, que peu de gens reçoivent.
Pour tous ceux qui ignorent ces facultés, il n’y a pas de miracles, tout perd de sa valeur. Ils ne peuvent accepter cette vérité et ne possèdent pas la réceptivité requise pour cela.”
“Cette désincarnation dont vous parlez, c’est ce qu’il y a de plus beau?” demanda-t-il.
“Oui, c’est plus beau et plus puissant que tout.
Parler de cette faculté va changer la vie des gens, et les guerres ainsi que les massacres s’arrêteront.”
“Vous êtes un prophète.”
“Non, mon père, je ne suis qu’un homme ordinaire, mais ce que je vous dis est la vérité.
N’est-ce pas merveilleux de pouvoir parler aux gens d’une vie éternelle telle que je l’ai vécue?
Cela leur apporte un soutien, car ils en ont besoin.”
“Vous devriez en parler davantage,” dit-il.
“C’est ce que j’ai fait. Si vous voulez apprendre à connaître ma vie et celle de mon maître, ainsi que celle de ceux qui vivent dans l’au-delà, vous pouvez emporter mon premier livre.
Il donne une image très claire de la vie après la mort.”
Mais le prêtre ne réagit pas, et demanda: “Quel âge avez-vous?”
“Trente-huit ans.”
“Parfait, vous pourrez rendre service aux gens longtemps encore.
“Je n’ai fait que cela durant ma vie et je ne le regrette pas. Au contraire, cela me rendait toujours très heureux.
Mais”, demanda-t-il comme s’il se souvenait soudain de notre conversation, “voyez-vous les esprits comme je vous vois?”
“Oui, comme je vous le disais, je les vois, je les entends et je sens leur présence.
Ils sont comme nous, bien qu’ils soient en avance sur le chemin spirituel, ceux qui possèdent de la lumière du moins.
Il existe toujours une sorte d’enfer, et ceux qui y vivent ont un long chemin devant eux, car ils doivent déconstruire leur personnalité petit à petit.
C’est ce qu’il y a de plus difficile, les gens l’ignorent.
Généralement, nous nous donnons tous trop d’importance.
J’ai vu l’enfer ainsi que le ciel, ou plutôt plusieurs enfers et cieux dans l’au-delà. Mais il n’y a pas de feu.
Ce qui brûle, c’est le feu de la passion et de la violence chez ceux qui vivent dans l’obscurité.
J’en parle dans mes livres.”
Je me dirigeai alors vers la bibliothèque d’où je sortis le premier tome de “Un regard dans l’autre monde” en lui disant: “Voici le premier fruit de mon travail d’écriture, le deuxième tome vient également d’être édité.
Ces livres ne sont ni littéraires, ni scientifiques, mais ils contiennent la sainte vérité.
Vous les trouverez étonnants et vous vous demanderez sans doute s’ils disent vrai lorsqu’ils décrivent la vie après la mort.
Mais j’ai pu le vivre moi-même.
Ils vous permettront de connaître mon maître, ainsi que de nombreux autres esprits,
et vous serez étonné de la grandeur de la vie après la mort. Il n’est plus question de miracle, et les problèmes cessent d’exister dès que nous apprenons à mieux les connaître.
Il ne s’agit pas d’un roman ou d’une fiction: ils représentent la réalité.”
Je lui tendis le livre. Il le prit entre ses belles mains et demanda: “Puis-je l’emmener?”
“Oui, n’hésitez pas à l’emmener, j’en ai d’autres. Lorsque vous aurez fini, vous pourrez également lire le deuxième tome si vous le désirez.”
Il partit après des adieux chaleureux.
Lorsque ma patiente vint me rendre visite, elle me dit: “Savez-vous qu’il vous aime beaucoup?”
“Il vous appelle André ou Jozef, et raconte qu’André plane dans l’univers, et que c’est de là que vient sa sagesse, et là qu’il parle avec les esprits.
Au nom du ciel, d’où sort-il tout cela?
En avez-vous discuté ou lui avez-vous raconté vos expériences?”
“Je lui ai beaucoup parlé, il ne vous a pas dit que je lui ai fait cadeau de mon livre?”
Ses paroles me prouvèrent qu’il avait lu mon livre, car je savais exactement où se trouvait le passage sur l’univers.
“Il y a du progrès, n’est-ce pas?” demanda-t-elle, ravie.
“Nous l’avons tous remarqué.
Il est si gai ces derniers temps! Il vous admire parce qu’il va si bien grâce à vous.
Il se sent mieux, il n’y a aucun doute.
Cela veut dire qu’il fait des progrès, tout de même?”
Je la laissai s’exprimer, tout en sachant où elle voulait en venir. Comme il n’y eut aucune réaction de ma part, elle demanda: “Pourquoi ne dites-vous rien?
Il y a bien une amélioration?”
Je ne lui donnai pas de réponse directe mais dis: “Soyons reconnaissants de ces résultats et patientons.”
“Mais nous le voyons de nos propres yeux?”
“Ce que nous obtenons est un plus,” lui dis-je.
“Un plus, dites-vous, quelle horreur.”
“Ce n’est pas horrible du tout, c’est ainsi,” lui dis-je.
Réjouissons-nous du fait qu’il aille si bien et attendons de voir.”
“Nous ne pouvons pas vivre sans lui, ce trésor!” dit-elle.
“Il n’empêche, il n’y a rien à faire.”
Elle partit, déçue.
Oui, c’était regrettable de savoir qu’il allait mourir.
On ne pouvait se passer du prêtre qui était tant aimé. Cependant, c’était déjà une bonne chose qu’il se sentît mieux.
Ils voulaient le garder, mais leur père et prêtre devait partir.
Je n’étais pour rien dans sa déception, puisque j’avais entièrement confiance en ce que me disait mon maître.
J’étais toutefois curieux de savoir ce que le prêtre dirait de mon livre, car il me semblait assez ouvert d’esprit.
C’est pourquoi je ne fus pas étonné de le voir revenir chez moi pour me demander le deuxième tome.
“Nous en parlerons ultérieurement et je vous poserai alors de nombreuses questions, mais je veux tout lire d’abord,” me dit-il.
Nous n’en parlâmes pas après son traitement. Je pris congé de lui pour trois semaines consécutives, car le jour était venu où je devais quitter la ville.
Le prêtre se sentait très bien et n’avait plus mal. Il reviendrait me voir à mon retour.
Il me souhaita bon voyage, bonne chance.
Puis il ajouta: “Je me tiendrai tranquille et lirai.”
Puis il partit.
Ma patiente devait revenir me voir ce jour-là. Elle me dit: “Hier soir, j’étais chez lui, car il y avait office.
Après la messe, il m’a dit soudainement: “Jozef et vous êtes les seuls qui soient au courant pour ma maladie. Personne d’autre ne le sait.”
J’ai cru m’effondrer.
D’où sort-il tout cela?
Je n’en ai parlé à personne.
Saurait-il à quel point c’est grave?
Est-ce vrai, a-t-il réellement cette maladie?
N’y a-t-il aucun remède?
Je ne comprends pas d’où il sort cela tout à coup,” répéta-t-elle.
“Pouvez-vous l’expliquer?”
Mais j’en étais incapable et lui dis que je n’en savais rien.
“J’espère,” poursuivit-elle, “qu’il ne rechutera pas pendant votre absence.”
Elle partit et je commençai à préparer mes bagages.
J’entendis alors Alcar me dire: “Il sent venir la fin.”
Je partis en voyage,
mais je sentais malgré la grande distance comment allait le prêtre.
Alcar me fit part de sa rechute,
et lorsque je revins, on m’appela aussitôt auprès de lui
car il était alité depuis plusieurs jours.
Nous y voilà, me dis-je,
c’est le début de la fin.
Pourvu que cela ne traîne pas trop,
car cette maladie peut être pénible.
Ses amis et famille déploraient cette aggravation, et étaient convaincus que cela ne se serait pas produit si j’étais resté.
Je savais pour ma part qu’il n’en était rien.
Je lui rendis visite un mercredi matin.
Lorsque j’entrai dans sa chambre, il rayonna de bonheur et se réjouit de me voir à nouveau.
Il prit mes deux mains, me regarda et dit:
“Mon Jozef, comme vous m’avez manqué.”
Je ressentis la force de son amour pour moi, ce qui me remplit de bonheur. On aurait dit qu’il ne voulait plus me lâcher.
“Heureux de te voir.
Les livres, Jozef, terminés!”
Je tremblais. Qu’allait-il dire?
“Merveilleux!
Merveilleux!”
Il ferma les yeux, et se tut.
Il demeura couché, enveloppé dans ce silence, et semblait réfléchir.
Je sentis alors le silence de l’esprit venir de lui en moi, et je me tus également.
Je m’assis à son chevet, et partis comme lui dans de profondes réflexions.
Je pensai à la grande affection qu’il avait pour moi
et que j’acceptais avec gratitude. Je ressentis la force de son amour pour moi, ce qui me remplit de bonheur.
Je connaissais cet homme depuis peu de temps, pourtant il me semblait que je le connaissais depuis des années.
Je priai pour lui et commençai le traitement.
Je vis mon cher maître à côté de moi, cet esprit d’amour qui venait de me connecter avec le malade.
Nous étions désormais unis, et j’attendis le verdict de mon maître, car je le voyais examiner le malade.
Instantanément, Alcar se connecta avec moi et je l’entendis dire: “Tu ne peux plus l’aider, il passera bientôt.
Je t’en donnerai la preuve. Attends donc patiemment.”
Je tremblais.
Que faire alors?
Je demandai à Dieu s’il était possible que le malade quitte cette vie sans douleur.
C’est tout ce que j’osai demander, on ne pouvait plus rien lui donner.
Le prêtre posséderait de la lumière dans la vie après la mort, et la lumière signifie le bonheur.
L’homme dont je tenais les deux mains avait eu une vie très pure, et il était prêt à mourir.
Après un long silence, les yeux toujours fermés et les mains croisées, il dit: “C’est merveilleux, Jozef. Une grande grâce pour les hommes, mais peu de gens le croiront.
C’est difficile, très difficile à accepter.
Alcar, un amour très grand.”
Il prononça les mots un par un, entrecoupés, mais je les comprenais.
Dieu merci, me dis-je, il a compris mon travail.
Il avait prononcé peu de mots, mais les entendre de sa bouche me fit du bien
et me rendit heureux.
C’est vrai, peu de gens pouvaient l’accepter.
J’entendais si souvent dire que j’étais trop simple, pas assez littéraire ou suggestif. Cela les empêchait d’apprécier ce que j’écrivais à propos de la vie après la mort.
Ils disaient que le ton était “mielleux”,
mais lorsque ces mêmes personnes se trouveraient devant l’ultime et grand “voyage”, leurs yeux se dessilleraient enfin et ils deviendraient doux à leur tour, doux comme le miel.
Une fois qu’ils verraient derrière le voile et se sentiraient nus devant le trône sacré de Dieu, ils ne diraient plus que les choses étaient simples et naïves. Ils auraient besoin de cette simplicité et voudraient en avoir beaucoup, beaucoup.
Confrontés à eux-mêmes, ils pourraient enfin l’accepter.
Mais je n’écrivais pas pour ces gens-là,
puisqu’on ne pouvait les atteindre.
Celui qui se trouvait là, dans son lit de mort, ce prêtre, avait senti la chaleur et la force spirituelle, l’amour d’Alcar notamment.
Je ne pouvais souhaiter plus.
J’avais reçu dans le passé des lettres de la part de gens qui appartenaient à l’élite de cette société. Ils vivaient dans le chagrin et le deuil et me disaient à quel point ils étaient heureux.
Durant les heures qui précédaient leur passage, Alcar était venu leur donner tout son amour pour les soutenir.
Ils savaient à présent qu’ils reverraient leurs bien-aimés.
Au chevet des mourants, ils avaient observé ce phénomène grandiose.
Le mourant lui-même le confirmait de vive voix.
Pour tous ceux-là, mes livres étaient devenus un soutien psychologique et une force pour poursuivre la vie sans la solitude.
Grâce aux paroles d’Alcar, ils avaient accepté de porter la croix que Dieu leur avait donnée à porter.
Ce n’est que lorsque les gens sont en deuil ou en souffrance qu’on peut les atteindre, car dès lors, ils se donnent volontiers.
Dans ces instants, toute sagesse terrestre leur est inutile: ce dont ils ont besoin c’est la chaleur spirituelle, un partage de sentiments et d’amour.
Ils ouvrent alors enfin les yeux, et ils écoutent cette voix douce mais distincte grâce à laquelle ils se retrouvent.
Quant aux autres, ils n’ont nullement besoin de nourriture spirituelle. Ils ont les “pieds sur terre” comme ils disent, et veulent rester ainsi.
Ils se sont égarés: ils ont été absorbés par la vie terrestre eux aussi.
Ils mettent mes livres au feu et attisent les flammes, alors qu’ils crèvent intérieurement de froid et de pauvreté spirituelle.
Ils ne veulent pas savoir que leur heure viendra également un jour.
S’il n’avait fallu écrire que pour le prêtre, je l’aurais fait sans hésiter. Mais il n’était heureusement pas le seul.
Cela me fit néanmoins du bien qu’il me comprenne aussi bien.
Non pas parce que j’en avais besoin, car personne ne pouvait m’arrêter. Je voyais la vie que je décrivais, et ces expériences avaient lieu lorsque je me désincarnais de mon corps physique.
Tout était vrai, et chacun s’en rendrait compte en entrant dans la vie après la mort.
La plupart des gens sont matérialistes et rient de tout, même de leur propre bêtise.
Ces adultes et personnes matures se comportent comme des enfants,
or les enfants sont d’habitude plus réceptifs que les adultes et les intellectuels.
Ceux qui s’intéressent à la vie après la mort et vivent en conséquence sont les heureux dans l’au-delà.
Tandis que tous les autres devront attendre de nombreuses années avant de voir de la lumière, parce que leur vue est trouble.
La vie spirituelle est difficile à atteindre,
mais une fois atteinte, elle donne du bonheur et la vérité éternelle. Elle procure une profonde et puissante confiance et rend la vie sacrée.
Cela apporte de l’amour, un amour pur et beau.
Le prêtre ressentait tout cela.
Soudain, il dit: “Jozef, je vais planer, loin de la terre.”
Je sursautai,
Je sursautai, car il évoquait exactement le contenu de mes pensées.
L’on aurait dit que quelqu’un lui avait donné la force de me le dire.
Il eut les larmes aux yeux.
Le prêtre ressemblait à un enfant, et je me sentais comme lui.
Nous étions deux adultes, mais dans la vie, spirituelle nous n’étions que deux enfants.
Nous avions un seul et même Dieu, et entrions en communion.
Nous ressentions la même vie et le même amour, lui en tant que prêtre et moi en tant qu’instrument.
Nous étions au service du même Dieu, nous voulions servir Dieu. Nous avions un seul Père et connaissions une vérité.
Lui s’était approprié cette vérité et cette sagesse à travers des études, et en vivant selon la volonté de Dieu.
C’est ainsi qu’il avait évolué.
Quant à moi, cela m’était transmis directement par l’au-delà avec lequel j’étais connecté à cet instant.
Je lus dans ses années d’études, et je découvris à cet instant sa théologie et sa vie derrière le voile.
Toutes ces choses puissantes me traversèrent grâce à Alcar qui m’emmena dans le cosmos, dans lequel je fus absorbé.
Je sus à cet instant que je faisais partie de cette vie sacrée et puissante.
Je n’ai pas fait d’études et je suis né dans un village rural, pourtant, la foi et la sagesse qui me sont données sont claires comme le cristal.
Elles sont issues de la nature et on ne peut pas les apprendre: on doit les sentir.
C’était le cas du prêtre: il était doux, doux comme la vie elle-même, et ouvert à cette vie puissante.
Elle se trouvait dans ses yeux et dans sa voix, tandis que son cœur et son âme dégageaient une grande douceur, qui était la marque de sa personnalité.
Cet aspect pur et enfantin traversa entièrement son être,
et c’est comme un enfant qu’il allait entrer dans les sphères et dans ces cieux où un bonheur infini l’attendait.
Ce prêtre était en mesure d’aimer les gens malgré leurs défauts et leurs péchés.
Il connaissait et comprenait les passions parce qu’il était de bonne volonté.
Il refusait de voir les erreurs des autres, et donnait toujours à pleines mains.
Tous ceux qui frappaient à la porte de son âme pouvaient entrer.
Cette petite porte grinçait, tant on avait tiré sur ses charnières. Son cadre était usé, mais il ne le réparait pas car il savait qu’on l’abîmerait à nouveau.
C’est pourquoi il laissait la porte ouverte afin que tous: vieux, jeunes, riches ou bien pauvres, puissent entrer.
Il laissait faire, car il aimait, et il devait avoir beaucoup d’amour, il n’aurait pas pu les aider sinon.
Tous ceux qui avaient frappés à la porte de sa demeure avaient pu entrer, et ils étaient nombreux.
Il y en avait qui étaient entrés les chaussures couvertes de boue et de fange, mais il ne l’avait pas remarqué, il refusait de le voir,
car ils les aimait tous malgré leurs défauts et leurs péchés.
“Entrez donc, n’ayez aucune crainte, ma porte est ouverte.” Il accueillait les gens à bras ouverts, en les rassurant, et je l’entendis dire:
“Vous voyez, ma porte a été détruite et je ne peux plus la fermer.
Elle restera ouverte à tous, pour l’éternité.”
Voilà ce que la vie lui avait appris, et ils avaient été très nombreux à venir vers lui.
Certains avaient ôté leurs sabots avant d’entrer, afin de pouvoir l’approcher avec douceur.
Ceux-là avaient eu de l’estime, une profonde estime pour sa personne, et respectaient sa demeure.
Ils avaient fait attention à ne pas perturber la paix de son âme, et étaient rentrés chez eux avec sérénité
après qu’il les eut fortifiés de corps et d’âme.
D’autres étaient entrés sans frapper, ignorant tout du respect d’autrui.
Ceux-là, il les avait regardé d’un air étonné, mais sans rien dire.
Pour lui, ces hommes avaient également besoin d’aide, et il voulait la leur offrir.
Bien que tremblant de peur face à ces hommes pleins de défauts et de péchés, il avait tâché de garder son calme.
Il était parvenu à se maîtriser, et les avait apaisé par un sourire.
Son sourire éternel avait fait des miracles.
Certains étaient entrés brusquement en le regardant froidement dans les yeux, le faisant frémir et trembler. Il s’était alors tenu comme un enfant, étonné par un tel manque d’humanité.
Sa demeure, bien entretenue afin que Dieu puisse toujours y entrer, avait à chaque fois été salie par l’homme.
Et une fois ce dernier parti, il demeurait toujours seul et devait assimiler tous ces problèmes humains.
Personne n’avait pu l’aider, mais il n’avait eu nul besoin d’aide.
Il possédait la force et la faculté de maintenir sa demeure propre pour le moment où Dieu entrerait de façon inattendue.
Cette grande force lui appartenait, et profondément ancré en lui se trouvait son grand amour.
Non, les gens n’étaient pas parvenus à salir sa demeure,
car un océan d’amour l’avait nettoyée à chaque fois et avait tout balayé, puis les flammes de son amour inépuisable s’étaient toujours chargées de tout sécher.
Nul ne connaissait son secret, car personne ne s’était donné la peine de le découvrir.
Il portait discrètement ce trésor en lui, et son sourire le liait à tous ceux qui étaient venus le voir.
C’est ainsi qu’il avait vécu après avoir appris à vivre de la sorte.
C’est comme cela que je voyais le prêtre.
Un grand silence régnait autour du malade, et je repensai aux paroles d’Alcar, lorsqu’il avait dit que cet homme était un grand prêtre.
Je pressentais le silence de la mort, le départ de ce monde et l’entrée dans l’au-delà.
Ce phénomène me remuait car je le voyais et le sentais. J’étais absorbé par lui.
Ce que je vécus à cet instant sera utile à chaque homme sur terre:
je me connectai avec le prêtre en sondant son état et le bonheur qu’il allait connaître dans quelque temps.
Il avait vécu en véritable être humain, comme un enfant de Dieu.
Soudain, il ouvrit les yeux et me demanda: “Avez-vous foi en les hommes?”
Je sursautai.
Il avait une fois de plus reformulé mes pensées car il ajouta: “La mort est mon amie, Jozef.”
Utilisait-il déjà le langage spirituel que l’on connaît et parle uniquement dans la vie après la mort?
“Oui, j’y crois,” répondis-je, sans savoir quoi lui répondre d’autre.
Il leva les yeux en direction de la statue du Christ accrochée au dessus de son lit.
C’est vers lui que se dirigeait son beau regard.
Cet enfant demandait à être accepté, et souhaitait que sa fin fût brève.
Au bout de quelques secondes, il dit: “Tu es béni, Jozef.”
Comme si le Christ le lui avait dit.
“Tu ne dois pas oublier les saints. Je vais mourir, Jozef, avant la fin du mois je ne serai plus.
Je planerai alors, comme toi, dit-il après avoir posé une fois de plus son regard sur le Christ.”
Comment était-ce possible?
Était-ce le Christ qui le lui avait dit?
Était-il si profondément connecté avec lui?
D’où sortait-il tout cela?
Je trouvais son calme extraordinaire.
Il avait pris conscience des dons que je possédais, et je le remerciai en silence pour ces quelques mots profondément ressentis.
J’y vis un avertissement pour moi, afin que je préserve la pureté de mes dons.
Le prêtre était loin, très loin de moi.
Je le suivais intérieurement et sentis qu’il se livrait entièrement.
Il se sentait lié au Fils des hommes, et il était le seul à connaître ce secret.
Il regarda encore une fois le Christ
et les larmes coulèrent sur son tendre visage, tandis qu’un rayon de soleil l’éclaira.
Un ange, voilà ce que tu es, pensai-je.
Il possédait une sagesse que seuls les mourants ont et ressentent.
Il était d’ores et déjà dans ces régions inexplicables, dans lesquelles les lois et la sagesse terrestres cessent d’exister.
Il n’y avait ni doute, ni la moindre hésitation en lui.
Il venait de recevoir en silence cette sagesse qui provenait d’une source plus élevée.
Je vécus quelque chose de grandiose et d’extraordinaire ce matin-là.
Cela doit être surnaturel, me dis-je.
Le surnaturel l’illuminait et lui donnait de sa force. Le prêtre me la transmettait et la partageait avec moi.
Soudain il me demanda: “M’aideras-tu, Jozef?”
“Je pars.”
Je tremblais en le regardant.
J’étais ému, et je sentis un grand bonheur me parcourir.
“Mais bien sûr,” répondis-je. Je vis qu’il pleurait à nouveau.
Il ajouta: “Ce n’est pas parce que je pars, Jozef, ce n’est pas ça, ne le pense pas.”
Je comprenais pourquoi il pleurait.
Il pensait à tous ses enfants.
Il était difficile pour lui de se séparer d’eux.
Il leur était indispensable, car sans lui il n’y aurait plus de demeure ouverte où ils pourraient venir se réchauffer.
C’était loin d’être simple!
Il parla à nouveau en réponse à mes pensées.
C’était miraculeux.
“Me séparer d’eux m’est difficile.”
Il avait parfaitement suivi le fil de mes pensées.
Ce fut pour moi la preuve qu’une force travaillait en lui.
Cela témoignait de son grand amour et de sa faculté à intercepter des forces et vérités spirituelles, car il était déjà connecté avec la vie spirituelle.
Il était rare de vivre quelque chose d’aussi beau au chevet d’un mourant.
Ce passage était exceptionnel. Il ressemblait à une préparation à la vie éternelle.
Non seulement le prêtre sentait approcher le passage, mais il connaissait désormais le langage spirituel d’après la mort.
Il possédait déjà la faculté de se connecter avec les autres tout en vivant encore sur terre.
Ce que je vivais en ces instants était grandiose.
“Maintenant vous devez partir, Jozef.”
Je lui dis adieu.
Seulement trente minutes s’étaient écoulées, combien de choses avais-je cependant vécues pendant ce temps?
En rentrant chez moi, je les passai en revue.
Cette matinée avait été si belle.
C’était admirable de pouvoir dire adieu à cette vie avec autant de conviction.
C’était également une joie pour moi de pouvoir aider des mourants.
J’avais vu mourir de nombreuses personnes, mais aucune ne s’était comportée comme lui.
Certains ont peur, tandis que d’autres mangent de la nourriture fortifiante pour éviter de mourir.
Mais au moment où la mort vient, aucun médecin ne peut faire quoi que ce soit, et même les forces spirituelles ne peuvent intervenir.
Personne n’y échappe, et c’est peut-être la seule justice dans ce monde terrifiant.
Le prêtre s’était réconcilié avec la mort.
Pour lui, elle était comme une amie bienvenue, quelqu’un qui le libèrerait de ses souffrances et qui apporterait du bonheur, de la lumière et de l’amour, oui: la vie éternelle.
Que restait-il de la mort après cela?
Où résidait son pouvoir?
Que restait-il de son aspect terrifiant, dès lors qu’on pouvait la considérer comme une amie?
Chez lui, la mort ne trouvait pas de nourriture,
car il ne ressentait ni frayeur, ni souffrance, ni le chagrin dont elle se nourrissait habituellement.
Chez lui, la mort ne trouvait pas de nourriture.
Elle devrait rester inassouvie et mourir de faim puisqu’elle n’était pas nourrie.
Le prêtre conversait avec elle, lui souriait, et la mort lui souriait en retour.
Ils étaient de connivence, et étaient devenus de très bons amis.
C’était l’enseignement qu’il avait tiré de la vie, en laissant tout le monde entrer dans la demeure de son âme sans protester, en les accueillant avec amour, même lorsque les gens étaient venus avec des sabots.
C’était ainsi qu’il avait appris à connaître la mort, et il savait qu’elle était synonyme de vie éternelle.
Il voyait derrière son masque, et comme il était devenu clairvoyant, il voyait au-delà de ses terrifiantes apparences.
Il voyait que la mort n’était pas une fin mais un passage vers des régions inconnues.
Pour lui, cette cruelle faucheuse s’était transformée en un ciel azur, un paradis où résidait le bonheur à l’état pur.
Le destin n’existait pas pour lui, car tout était la volonté sacrée de Dieu.
C’est Lui qui l’appelait, et la mort, ne pouvant l’atteindre, était forcée de céder la place.
Ce prêtre possédait vraiment tout ce qu’il fallait pour entrer dans le pays de la vérité éternelle.
La mort était heureuse de trouver quelqu’un, parmi les hommes, qui ne la craignait pas.
Il me semblait l’entendre dire: “Hommes, écoutez-moi. Hommes de la terre, regardez-moi.
Je ne suis pas morte.
En vous il y a une flamme, c’est Dieu qui vous envoie son amour et qui vous maintient tous en vie.
Ce que vous voyez, ce que vous êtes extérieurement, et ce dont vous prenez soin mourra,
En vous vit une étincelle qui poursuit sa vie, poursuivra toujours sa vie jusque dans la vie éternelle où elle connaîtra des profondeurs sans fin.
Un grand bonheur attend ceux qui reconnaissent en moi la vie.
Ce n’est pas moi qui me suis donné le nom de “mort”, c’est vous, vous, les hommes, car vous ignorez qui je suis.
Pour vous j’ai toujours été cette “mort”, mais je le suis uniquement pour ceux qui sont eux-mêmes des morts-vivants.
En vous se trouve l’étincelle de la vie éternelle et la vérité éternelle.
Ne vous laissez pas gâcher la vie par ce mot “mort”.
Je ne suis pas morte, je suis la vie, et celui qui me connaît connaîtra le bonheur.”
J’entendis tout cela, mais qui me parlait de cette manière?
La mort!
Elle est comme un être vivant qui voit plus loin que nous, bien que nous croyons être vivants.
Elle est à la fois froide et chaud comme le soleil, capable de nous réchauffer lorsque nous reconnaissons la vie en elle.
Je rentrai chez moi avec la sensation d’un grand bonheur.
Quelle matinée!
Combien de choses avais-je vécues et reçues?
À ces moments, c’était une joie d’être médium.
J’apprenais à connaître la vie derrière le voile
grâce à celui que je connaissais depuis si peu de temps, mais chez qui je découvrais un grand amour fraternel.
Bientôt, le prêtre connaîtrait la mort dans le vrai sens du terme, et il passerait alors dans une lumière violette.
Celle-ci se mélangerait avec des milliers d’autres teintes représentant le rayonnement de sa vie intérieure.
C’était son propre ciel qu’il verrait,
et c’est là qu’on l’attendait.
Une beauté impérissable et une paix éternelle l’attendaient.
Je ne pouvais pas deviner à cet instant que d’autres événements d’une grande beauté, concernant le prêtre, allaient se produire.
Le samedi arriva.
J’avais hâte de pouvoir retourner le voir.
Chez lui, mes forces étaient appréciées, je me sentais compris.
Il m’attendait.
Il dit en prenant mes mains dans les siennes: “Mon Jozef.”
Cet homme m’aimait d’une telle façon
que j’en avais les larmes aux yeux.
Son état avait empiré, et on ne pouvait arrêter cette maladie.
Je m’assis auprès de lui, posai ma main gauche sur son front et ma main droite sur sa poitrine afin de le magnétiser.
Le prêtre absorba ces forces qui lui procurèrent la paix dont il avait tant besoin pour ses derniers jours sur terre.
Cela faciliterait son passage.
Il sentait l’effet bienfaisant du magnétisme vital.
Aucun médicament ne pouvait apporter d’aide, et je ne pouvais rien changer à son état.
Après avoir prié, j’entendis mon maître me demander de me concentrer sur la vie spirituelle,
et aussitôt je crus voir des esprits.
Oui, je voyais bien,
il y en avait autour du lit du prêtre.
Ils portaient des habits magnifiques et dégageaient une belle lumière.
Ils contemplaient celui qui passerait bientôt.
Qu’est-ce que cela signifie? me demandai-je.
Mais je compris lorsque j’entendis chanter.
Il s’agissait d’un chant spirituel. Deux voix retenaient tout particulièrement mon attention:
un ténor et une voix de basse. Les autres voix complétaient ces deux voix pour créer un ensemble homogène.
C’était céleste.
La voix du ténor était d’une beauté indicible,
et j’étais profondément ému par tant de beauté, une beauté profonde mais éthérée.
Lorsqu’ils cessèrent de chanter, Alcar me dit: “Le prêtre est lié à un ordre, et ceux qui sont venus auprès de lui veulent faciliter son passage.
Ils viennent de l’au-delà et sont des esprits d’amour.
Il absorbera la force de cet événement spirituel,
bien qu’il soit inconscient pour le moment. Il la sentira ensuite.”
Je constatai que j’étais moi-même connecté avec le rayonnement de cet événement.
Je voyais l’amour de ces êtres concentré en une lumière qui traversa le malade.
Elle l’enveloppait et demeurerait ainsi pour le protéger d’autres forces.
C’était la paix spirituelle, une bénédiction spirituelle.
La lumière l’enveloppait comme un mur spirituel, une bâtisse d’amour.
C’était grandiose de pouvoir l’observer.
Ceux qui vivaient désormais dans l’au-delà, et qui l’avaient connu durant leur vie sur terre, savaient qu’il allait mourir, et le prêtre le savait également.
Je reconnus la connexion entre eux: un savoir partagé.
L’amour allait au-delà de la tombe.
Ces êtres avaient tous été prêtres et avaient tous vécus honorablement,
et lui serait admis dans leur cercle, car il en faisait déjà partie. Il était pourtant rare de voir cette connexion se produire sur terre. Peu de gens la recevaient.
Le malade s’était endormi et je partis en silence.
Les êtres spirituels s’étaient également résorbés.
Lorsque je fus descendu en bas, je vis sa femme. Elle voulait savoir quel était mon avis sur l’état de son mari.
“Faudra-t-il attendre encore longtemps?”
“Non,” lui dis-je, “il n’en a plus pour longtemps.
Je ne connais pas le jour
mais je vous le dirai s’il le faut.”
La fois d’après, je vécus d’autres miracles encore.
À mon arrivée, on me pria d’attendre,
car un prêtre était venu de Paris pour rendre visite au malade. Mais celui-ci ne lui accorda qu’une minute.
J’en souris intérieurement car je savais qu’il ne voulait pas perdre une seconde du temps passé avec moi.
Au bout d’une minute on m’appela en effet, et je pus entrer dans la chambre du malade.
Il était très heureux de me voir, et en le voyant, je sus qu’il brûlait d’envie de me parler.
Je lai senti aussitôt que je l’ai vu.
“Écoute,” dit-il, “assieds-toi.
J’ai plané Jozef, très, très loin, comme toi.
C’était merveilleux.
Vu des choses si belles.”
Il se taisait entre chaque phrase pour retrouver son souffle et pour voir mon étonnement.
Il était heureux, profondément heureux.
Puis il poursuivit:
“J’ai vu des fleurs tellement jolies.
Pas ici, non elles ne sont pas aussi belles.
Elles étaient différentes.
J’ai entendu chanter aussi, un chant merveilleux, très joli.”
Je sursautai.
Avait-il entendu ce chant malgré tout?
Il répéta: “Un chant merveilleux, si délicieux.
De belles voix.”
C’est étonnant, cet homme est devenu clairvoyant et clair-entendant, pensai-je.
Il recevait ces dons à la fin de sa vie.
Je le compris:
son esprit était en train de passer dans la vie spirituelle,
et son bonheur ne m’étonnait pas.
C’est ainsi que je voyais et entendais habituellement, mais lorsque je le disais aux gens ils ne me croyaient pas.
Lui, le prêtre, était désormais connecté avec la vie éternelle.
Il avait les larmes aux yeux lorsqu’il finit de parler.
“J’ai vu beaucoup de monde.”
“De belles voix, merveilleux,” répéta-t-il,
en regardant le Christ, comme pour remercier le Fils de Dieu de tout ce qu’il avait reçu.
Comme d’habitude, je pris place à côté de lui et commençai le traitement.
Alcar me dit alors de faire attention, parce qu’on allait me montrer à nouveau quelque chose.
Je sentis le prêtre s’enfoncer sous mes mains
lorsque je vis soudain un rayon de lumière dans lequel se manifesta un être rayonnant.
Il devint de plus en plus dense, et je pus le voir distinctement.
Il allait, de la tête aux pieds, et me fit savoir que j’avais bien vu.
Je vis alors une apparition dans cette lumière, un esprit jeune, d’une beauté éclatante.
J’essayai de deviner son âge et l’estimai entre trente-cinq et trente-sept ans.
Cette image devint trouble et fut remplacée par une autre.
Ce fut l’esprit lui-même qui me la montra. Je vis alors un berceau dans lequel se trouvait un bébé mort.
Au-dessus du berceau, je vis le chiffre dix-sept.
Les chiffres étaient illuminés afin que je les visse bien.
Dix-sept?, demandai-je intérieurement.
“Mois,” entendis-je, “décédé!”
Cette vérité me fut donnée de façon brève et claire.
Il n’y avait pas de doute et je le compris lorsque j’entendis: “Mon père!”
Mon père?
Mon Dieu, quel miracle.
Il était son père.
Cet esprit était donc son fils, un fils qui avait quitté la terre à un âge précoce?
Alcar me confirma que j’avais bien vu et j’attendis la suite des événements.
Un enfant décédé à l’âge de dix-sept mois venait chercher son propre père à l’âge de trente-sept ans?
Il venait l’aider lors de son passage?
C’était un événement extraordinaire
et si mystérieux que personne ne pourrait y songer.
Quelle sagesse!
Une sagesse et un prodige tellement puissants!
L’enfant avait toujours vécu, il n’aurait pu se manifester sinon.
Il avait grandi, mais où?
Était-ce possible?
Je voyais pourtant cet être splendide lors de cette apparition spirituelle.
N’était-ce pas une énigme?
On me montrait cette énigme surnaturelle et on me connectait avec elle.
C’était un problème que l’on ignorait sur terre et que nul ne comprendrait.
C’était pourtant la vérité, car je le voyais.
Il s’agissait des lois et des problèmes d’ordre spirituels que l’on ne pouvait apprendre que dans la vie après la mort, là où vivait mon maître et des millions d’autres.
Là où j’avais pu séjourner à plusieurs reprises et où ce jeune homme avait grandi.
C’était une preuve puissante d’une continuité de la vie, si seulement l’on était prêt à l’accepter.
Quel trésor m’offrait-on!
Des centaines de questions surgirent en moi et je fus en mesure de trouver une réponse à chacune d’elles.
Que restait-il désormais du pouvoir de la mort?
L’homme se ment à lui-même!
Qui pourrait encore croire en une mort?
Là, une jeune vie que l’on croyait morte revenait sur terre sous l’apparence d’un ange pour venir chercher et aider son père dans le monde matériel.
Comme cette énigme était profonde!
Où cet être avait-il trouvé cette vérité?
Comment savait-il que son père allait mourir et d’où lui venaient les notions de mère et de père, puisqu’il était décédé sans prendre conscience?
Il revenait pourtant au moment où son père mourait et s’apprêtait à entrer là où vivait son enfant.
J’entendis mon maître me demander d’écouter, et j’entendis alors la belle apparition dire:
“Je suis venu le chercher, on me l’a permis.
C’est la volonté de Dieu.
Demandez à ma mère si je suis mort à cet âge, et elle le confirmera.
Un lien d’amour nous unissait.
Il lie tous ceux qui ont des bien-aimés sur terre et attendent le moment de leur passage.
J’ai pu partir très jeune,
ce qui est déjà une grande grâce.
Vous voyez que je vis, et vous m’entendez parler.
C’est la vérité sacrée.
Assurez-vous en et demandez-le lui.”
J’écoutais cet esprit avec admiration et j’étais profondément ému par cet événement.
J’entendis encore ceci:
“J’ai grandi dans les sphères de lumière. Sachez que la vie est éternelle.
Je pense comme vous et je vis dans la vie spirituelle.
Je vous vois et vous entends et je peux me connecter avec vous.
Je sais que celui qui est couché là est mon père, mon père dans la vie terrestre.
Nous avons et connaissons toutefois un seul Père, notre Dieu.
Je vous remercie de m’avoir écouté et de m’avoir ouvert vos yeux intérieurs.
Je vous remercie également pour l’amour que vous lui avez donné.
Remerciez ma mère pour moi, pour tout son amour.
Je sens et je reçois encore leur amour, parce que je suis vivant, et notre lien est éternel.
Je sais qu’ils m’aiment et que nous nous reverrons dans l’éternité, oui l’éternité.
Cet instant est sacré pour moi. Vous n’oublierez jamais?
Voulez-vous bien également le transmettre à tous mes bien-aimés?
Je vis dans les sphères de lumière et mon père possèdera également de la lumière et du bonheur.
Bientôt il sera auprès de moi, et c’est la volonté sacrée de Dieu.
Que sa volonté soit faite! Il s’agit de la vérité et celle-ci est sacrée, c’est pourquoi l’homme doit s’incliner devant Lui qui est notre Père à tous.
C’est une grande grâce pour vous de pouvoir vivre tout cela.
Je fais cet appel à vous ainsi qu’à tous les hommes: ne craignez pas la mort. Nous vivons dans une beauté céleste.
Vous verrez de la lumière si la lumière se trouve en vous.
Tout ceci est amour, un amour sacré.
Je resterai auprès de lui jusqu’à la fin.
Son enveloppe terrestre sera enterrée mais son corps spirituel retournera à la vie, la vie qui signifie Dieu.
Personne n’y peut rien changer.
Vous pouvez partir à présent, je veillerai. Rien ne peut perturber sa paix.
Je vous remercie.”
Je vis l’esprit se retirer et se résorber.
Je planais et avais perdu tout contact avec la terre, car je venais de vivre quelque chose de sacré.
Avant de partir, je remerciai Dieu pour tout ce que j’avais reçu
et je dis adieu à mon cher ami, mon frère et père.
Une fois descendu, je demandai à la mère de l’esprit, l’épouse du prêtre, la vérité concernant cette énigme.
Je lui demandai: “Votre enfant est-il mort à l’âge de dix-sept mois?”
Un garçon?
S’il avait été encore en vie, aurait-il trente-sept ans aujourd’hui?”
Je n’eus aucun doute quant à cette vérité, car elle éclata en sanglots.
“Oui”, dit-elle, “notre garçon est mort très jeune.”
Quel miracle, que cette vérité est grande, me dis-je.
Tout cela était sacré.
J’entendis alors Alcar me dire: “Dis-lui que tu viens de parler à son enfant, elle doit le savoir.”
C’est pourquoi je poursuivis: “J’ai vécu quelque chose de merveilleux à l’instant.
Votre enfant s’est manifesté auprès de son père.”
Je sentis qu’elle ne pouvait savoir ou comprendre ce qu’était une manifestation. Je ne devais pas insister car c’était trop profond et irréel.
Les gens sont incapables d’accepter les phénomènes surnaturels et c’est pourquoi je lui dis adieu.
Durant toute la matinée, le courage me manqua pour songer à ce problème.
Il me fallait être tranquille, or j’étais moi aussi bouleversé.
De nombreux problèmes se bousculaient en moi. Je voyais des profondeurs et des visions lointaines et inconnues à l’horizon humain.
Une chose terrifiante obstruait cette vue délicieuse et heureuse. C’est la mort qui détruit tout.
Cette chose empêche l’homme d’accepter la vie éternelle.
Les gens haussent les épaules et retournent à leurs besognes.
La mort détruit le bonheur des gens, en emmenant du chagrin et de la souffrance. Elle ne signifie pourtant rien d’autre que du bonheur.
Son voile de mort empêche de voir la lumière éternelle et trouble la sainte vérité parce que les gens le veulent bien.
Ils aiment la mort et ne veulent pas voir la lumière.
Ici même nous recevions la preuve que la mort signifie continuité de la vie.
Cet enfant mort à l’âge de dix-sept mois était revenu pour dire qu’il avait grandi dans les sphères de lumière, dans la vie éternelle.
Cet enfant vivait depuis dans une beauté céleste.
Disparaissez de la terre, Ô mort, et cessez de détruire le bonheur des hommes.
Partez et rangez votre faux car vous êtes amour.
Inondez les hommes de votre lumière éternelle et de vos rayons solaires, parsemez de fleurs leur chemin et éclairez-les au lieu de parsemer le malheur.
Que reste-t-il de votre pouvoir, votre vieillesse et terreur, mort?
Vous êtes comme l’enfant qui, après avoir quitté la terre enfant, revient vers la terre jeune homme.
En vous se trouve cette vérité, hommes de la terre.
Vous vivez dans la matière et trouvez votre syntonie dans l’éternité.
La vie éternelle brûle dans votre âme et fait disparaître, oui, elle résorbe la mort. Elle vous emmène vers des régions de plus en plus élevées, jusqu’à ce que la vie atteigne l’ultime région et où elle ressent Dieu.
Là où vit le fils du prêtre.
Rangez donc vos habits noirs car ils sont faux.
Nous connaissons la vérité: la vie est éternelle, elle vient de se montrer à nous il y a un instant
et vous n’y changerez rien.
Je pressentais le début d’une époque où les hommes refuseraient de connaître la mort et feraient cesser son existence, transformeraient l’être de celle-ci.
Son royaume obscur s’effondrerait et ne pourrait plus exister.
L’homme lui-même la chasserait du trône
car elle gâche la vie terrestre depuis trop longtemps.
L’homme saurait dès lors que la mort n’existe pas, que seule la vie est réelle.
Enfin, la souffrance et le chagrin se transformeraient en un heureux au-revoir dans l’au-delà.
C’était étonnant de recevoir tant de preuves. Que cette sagesse était grande!
Tout semblait d’une profondeur et d’une puissance miraculeuse.
Un enfant qui avait quitté la terre dans son enfance revenait, car il savait que son père allait mourir.
Les dix-sept mois et trente-sept années enveloppaient une seule vie.
Pour l’homme terrestre, il y avait comme un voile devant tout cela, quant à moi, je voyais derrière ce voile et comprenais tout.
Dieu, merci, qu’il nous soit donné de le dire à voix haute avec ceux qui nous ont précédés pour nous le dire:
“Il n’existe pas de mort, il n’y a que la vie!”
Dieu, vous offrez aux hommes cette vérité puissante et ce grand bonheur,
or, ils ne pourront l’accepter avant de s’en rendre compte eux-mêmes.
Ils ne peuvent ou ne veulent l’admettre par peur de voir leurs convictions s’écrouler.
Ils préfèrent croire en cet animal préhistorique qu’est la mort, en celle qui leur fait peur et qui sème le chagrin et la souffrance, là où le bonheur pourrait régner.
Ils sont spirituellement endormis et continueront à dormir.
C’est pourquoi ils n’entendent pas cette voix douce quoique distincte. Ils refusent de l’entendre. Le temple de leurs âmes est et reste fermé à double tour.
La mort doit-elle continuer à exister et gâcher le bonheur des hommes?
N’est-ce pas une grâce de recevoir la vérité sur terre, notamment par l’intermédiaire de ceux qui nous ont précédés?
Ouvrez donc votre maison et recevez la vie!
Il s’agît peut-être de votre propre père et mère, ou frère et sœur, qui vous demandent de les laisser entrer.
Cette certitude, ne vous donne-t-elle pas la force de porter tout ce que Dieu nous donne à porter?
Ne répond-t-elle pas à notre question: “Où sont nos morts?
Sont-ils en vie?”
Depuis combien de temps les hommes se le demandent-ils?
Et nous recevons désormais la réponse de nos bien-aimés.
N’est-ce pas la preuve que l’amour crée des liens entre nous, qui persistent éternellement?
Autour de la tête du prêtre, il y avait une aura de vérité spirituelle tissée par son propre enfant.
Grâce à lui, nous apprenions à connaître la vie éternelle.
Si une seule personne parmi ses proches pouvait accepter cette vérité et voir la mort se résorber, il serait récompensé et son retour n’aurait pas été vain.
J’avais découvert quelqu’un d’extrêmement spirituel en la personne du prêtre, bien que lui-même ne pensât pas l’être.
Il l’était cependant, corps et âme, car il n’était autre qu’esprit vivant.
Voilà ce qu’est le spiritisme
et ce que les hommes appellent le travail du diable et dont tous ont peur.
Le spiritisme est aussi mal compris que la mort, bien que les deux signifient esprit et vie.
Grâce à cela, l’homme apprend à connaître le spiritisme.
Grâce à lui, la souffrance disparaît, la mort devient “la vie” et sourit doucement comme un enfant.
Le “diable” qui se cache derrière le spiritisme se transforme en un être céleste
et se joint à la mort, les deux étant unis et frères dans l’esprit.
J’aurais pu méditer là-dessus pendant des heures encore, car c’est un sujet qui me semblait sans fin. La fin de cette énigme, de ce problème se trouvait dans l’éternité.
L’homme lui-même était l’énigme, l’enfant de Dieu.
Je n’avais pas encore tout reçu et j’ignorais l’existence de certaines vérités et miracles encore plus grands.
Je devais les vivre dans les jours suivants.
Le samedi arriva et je me rendis chez le malade comme d’habitude.
Dans ses yeux, je vis une lueur que j’avais déjà vue dans les sphères de lumière, chez les anges qui y vivaient.
On voyait cette même lueur dans les yeux des enfants dont l’âme était pure.
Je me mis à son chevet et le prêtre ouvrit les yeux.
Une vague d’amour m’inonda alors, ses yeux me sondaient, me sentaient et pendant qu’ils m’envoyaient leur amour, ils parlaient de départ.
Puis, ils se refermèrent très lentement et très doucement, si bien que je sus qu’ils se fermaient à jamais sur cette terre.
J’eus un frisson.
Ses yeux resteraient-ils fermés pour moi à jamais?
Que tu as changé, mon cher ami et père,
tu n’en as plus pour longtemps, pensai-je.
Je repensai à l’instant où ma patiente était venue chez moi et lorsqu’Alcar m’avait donné la nouvelle de sa fin imminente.
Tout avait été vrai et pur,
et ces événements cachaient une très grande puissance.
Les esprits, s’ils le voulaient, savaient tout sur nous, les hommes.
Ses lèvres prononceraient-elles encore des paroles?
Ses yeux bleus et tendres me regarderaient-ils encore une fois?
Resteraient-ils fermés à jamais?
La distance qui se trouvait entre l’endroit où je me tenais debout et où j’étais assis habituellement me parut infinie.
Je le sentais: quelque chose me disait qu’il ne parlerait et ne regarderait plus.
Il y avait en lui la paix éternelle, et cette paix vint également en moi.
Le jeune être céleste, son enfant que l’on croyait mort, veillait sans cesse auprès de lui.
Je le voyais et sentais son contact. Il avait posé ses belles mains sur la tête de son père.
Une grande lumière inondait le prêtre
et c’est dans cette lumière qu’il passerait.
Il se réveillerait et vivrait dans les sphères de bonheur et d’amour.
Je sentais la paix spirituelle dans laquelle on ne pouvait que ressentir les choses, car la moindre parole aurait brisé le silence.
Je priai pour que sa fin soit brève.
Que ce départ était élevé!
L’esprit avait cette patience issue de l’éternité,
et ses mains dégageaient une grande lumière.
Le prêtre était profondément endormi. Mon magnétisme bienfaisant l’avait endormi.
Au bout de quelques minutes déjà, j’entendis demander d’arrêter:
c’était mon maître qui me donnait ce message.
Je l’entendis dire aussi: “Dis-lui adieu, Jozef.”
“Va-t-il passer?” me demandais-je.
“Tu le sauras bientôt, il faut que tu partes maintenant!”
Je regardai pour la dernière fois celui qui était devenu un ami et un père pour moi.
“Adieu, cher prêtre, nous serons nombreux à vous regretter, lui dis-je.”
Je m’arrêtai un instant au seuil de la porte.
Ses yeux, n’allaient-ils pas s’ouvrir une dernière fois?
Ses lèvres, n’avaient-elles plus rien à dire?
Il était allongé comme une statue de marbre,
si bien que sa respiration semblât également arrêtée.
Je devais quitter cet être précieux, mais j’ignorais que j’allais recevoir quelque chose d’encore plus beau en échange.
Je n’en savais rien à cet instant et je devais le vivre ultérieurement.
Je regardai une dernière fois cet homme dans le vrai sens du terme.
Un homme pouvait être si beau. Il rayonnait et était éveillé sur un plan cosmique.
Lorsqu’il est ainsi éveillé, l’homme devient comme un enfant de Dieu, tel que Dieu aime voir Ses enfants.
Que ce monde deviendrait beau si tous les hommes étaient comme lui, pensai-je.
Soudain, je sentis la nécessité de partir. C’était Alcar qui me poussait dehors.
Une fois en bas, on me demanda une fois de plus si le malade en avait pour longtemps. Mais je n’en savais rien pour le moment. Je leur souhaitai du courage et beaucoup de force avant de prendre congé.
C’était une grande grâce de pouvoir vivre tout cela.
Ressentir les choses était un bonheur en soi, mais voir clair était bien plus miraculeux.
Le prêtre était comme un enfant et en même temps un père, confident et ami de tous ceux qui avaient eu besoin d’aide.
Il entrerait dans les sphères de lumière comme un enfant, mais il resterait père et confident en tant qu’ange gardien, et continuerait à animer les autres.
Je voyais en lui à la fois le symbole du bonheur et celui de l’homme véritable.
Les rayons de la vie éternelle nourrissaient sa conscience du jour, et c’est dans cette conscience qu’il vivait actuellement.
Le dimanche et lundi passèrent sans que je ne reçusse aucune nouvelle de lui,
et lundi soir, je reçus comme d’habitude un patient.
Il arriva à l’heure exacte.
Pendant le traitement, je vécus des choses miraculeuses que je n’avais jamais vécues auparavant en tant que médium.
Je sentis une deuxième influence d’une grande intensité.
Elle n’était pas habituelle et je me demandai ce qu’elle pouvait signifier.
L’homme qui subissait le traitement n’en ressentait rien, cela ne concernait que moi.
Je me concentrai sur mon maître et je l’entendis dire: “Regarde autour de toi, Jozef. Regarde qui est là.”
“Comment ça, qui est là?” me demandai-je.
Et je l’entendis répéter: “Regarde qui est venu.
Regarde qui se tient à côté de toi!”
Je me concentrai sur la vie spirituelle et sursautai.
Est-ce que je voyais bien?
À mes côtés, je vis le prêtre,
et il rayonnait!
Mon Dieu, me dis-je, qu’est ce que je vis à présent?
Est-ce possible?
“Vous êtes déjà passé?
Est-ce que je vois clair?”
J’entendis alors cette voix douce que je reconnaissais et que j’aimais tant me demander: “Me voyez-vous, Jozef?”
“Oui, je vous vois, je trouve cela miraculeux,” lui dis-je.
“M’entendez-vous, Jozef?”
“Je vous entends, oui je vous entends!
Êtes-vous décédé?”
“Non, pas encore,” dit-il très distinctement.
Quelle énigme, pensais-je.
L’esprit du prêtre se tenait devant moi,
ce qui est rare, car ceux qui peuvent se manifester ainsi possèdent une grande richesse intérieure
et entrent dans la vie éternelle profondément conscients.
“Jozef,” dit-il, “je plane, je plane.
À présent je vais mourir. Que c’est merveilleux ici, Jozef.
M’aideras-tu?”
“Bien sûr que je vous aiderai.”
Je crus m’effondrer
car je le vis sourire de son sourire si particulier et charmant.
Il ne l’avait pas perdu dans cette nouvelle vie.
Que tout cela était miraculeux. Je ne pus trouver les mots.
Mes pensées se précipitèrent et j’arrivai à peine à me concentrer.
Je sentais maintenant qu’Alcar m’aidait.
Comme il était beau!
À côté du prêtre, je vis un être jeune et beau que je reconnus aussitôt.
Mon Dieu, me dis-je, c’est son fils. Comment est-ce possible!
Le prêtre semblait avoir rajeuni alors qu’il était encore attaché à son enveloppe matérielle.
Père et fils étaient désormais unis.
Ce moment fut inoubliable.
Il aurait aimé se montrer ainsi à tous ses bien-aimés, mais ce n’était pas possible.
Là, à côté de moi, se tenait le prêtre avec son propre enfant.
Il devait pourtant retourner dans son enveloppe une dernière fois, mais dans peu de temps il serait libéré de toutes ses attaches terrestres, et il serait alors libre.
Un homme mourant s’était désincarné de son corps.
N’est-ce pas miraculeux?
Il dit encore: “Alcar, Alcar est ici. Je l’ai vu.
C’est merveilleux, Jozef.”
Il se tenait toujours à côté de moi et semblait vivre plus que jamais.
Je n’avais jamais vécu un tel miracle.
J’avais vu de nombreuses personnes passer, mais aucune n’avait eu la même richesse que lui.
Il rayonnait de sérénité éternelle.
Mon cœur palpitait.
Il n’avait pas changé, il avait juste rajeuni.
Il me regarda dans les yeux en disant: “Les livres, Jozef, tout est vrai.
C’est merveilleux!”
Ce fut trop pour moi. Je n’aurais jamais songé
qu’on puisse venir me dire cela depuis l’au-delà!
“Je ne peux pas encore parler beaucoup,” poursuivit-il, “ce que contiennent les livres est vrai, Jozef.”
De grosses larmes de bonheur coulaient sur ses joues. C’était la joie de pouvoir me dire tout cela.
“Je dois partir,” entendis-je, “mais je reviendrai.”
La manifestation de prêtre et de son fils se dissout. Je savais où ils allaient:
ils retournaient vers son enveloppe matérielle pour vivre les dernières heures sur terre.
Je remerciai Dieu pour avoir pu vivre quelque chose d’aussi grandiose et élevé.
Nous ne pouvons remercier suffisamment Dieu pour toutes ces preuves d’une continuité de la vie.
Grâce à Lui, je recevais des preuves auxquelles je n’aurais jamais songé. Tout cela avait pour but de convaincre l’humanité d’une vie après la mort.
Tout s’était passé durant le traitement, et mon patient n’avait rien senti ni remarqué.
Il était resté en dehors de cet événement, étant donné qu’il n’était pas connecté.
Me croirait-il, me demandais-je, si je lui disais ce que je venais de vivre?
Cela lui donnerait à réfléchir sans pour autant résoudre cette énigme.
Ce serait sans doute trop profond pour lui.
J’avais été en contact avec trois personnes en même temps. Tandis que j’avais magnétisé un homme et enlevé les douleurs avec lesquelles il était venu, j’avais parlé en même temps avec deux esprits dont un était mourant.
Quel miracle de la nature!
Tout est néanmoins simple lorsqu’on connaît, voit et sent ces forces, et lorsqu’on peut les accepter ;
lorsqu’on possède la vue pour voir et l’ouïe pour entendre leur voix douces mais distinctes. Ces problèmes ne sont dès lors plus des problèmes ou des miracles, mais des forces spirituelles, de l’amour de la part de l’être décédé.
Pour moi, ce problème s’était résorbé et était devenu un phénomène naturel.
Celui ou celle qui ne ressentait rien de tout cela en aurait rit sans doute.
Ceux qui ne peuvent se mettre en syntonie avec la vie spirituelle rient, mais en réalité, ils rient de leur propre bêtise.
Hommes, vous qui êtes sur terre, cela ne vous parle pas?
Cela ne vous rend-t-il pas heureux?
Pouvez-vous accepter que votre vie soit éternelle?
Que nous poursuivons sans cesse notre chemin et notre évolution en passant d’une planète à une autre?
Sentez-vous que la vie terrestre fait déjà partie de la vie éternelle?
Qu’en nous se trouve la vie éternelle?
Ces évènements ne prouvent-ils pas que ceux qui sont morts sur terre vivent dans d’autres régions?
Cela dépend de nous s’ils en donnent les preuves.
C’est à nous de nous ouvrir, d’ouvrir les portes de nos demeures, de nos âmes.
Si nous les ouvrons, nous recevrons beaucoup de choses très belles.
Nos bien-aimés reviendront auprès de nous pour nous assister durant nos dernières heures.
Ils nous donnent la preuve que nous sommes attendus.
Ne riez donc pas de ces phénomènes que vous ignorez et que vous ne ressentez pas.
Ne vous moquez pas de la religion d’un autre, et surtout, ne maudissez jamais un autre être humain car vous maudissez en réalité votre propre syntonie éternelle.
Vivez en accord avec la vie spirituelle et ses trésors vous seront donnés.
Ainsi, les portes de l’enfer resteront fermées, car les sphères de lumières vous attendront.
L’homme se maudit lui-même en se préoccupant uniquement de sa vie matérielle, en laissant son corps éternel mourir spirituellement de faim.
Une pauvreté sur le plan spirituel est comme une entrée dans le pays de la paix éternelle dans des habits déchirés.
Des milliers d’années se sont écoulées et l’homme rit toujours de ces miracles.
Il demeure moqueur et le savant “savant”.
Entendez-vous frapper les esprits?
Ils frappent à votre porte mais vous refusez de les laisser entrer malgré leurs demandes incessantes.
Les uns frappent très doucement et les autres très fort,
mais tous frappent. C’est l’homme qui garde la porte de sa demeure spirituelle fermée,
ne laissant personne y entrer.
Hommes, n’ayez pas peur car ils ne détruisent rien. Ils viennent avec de l’amour et rien d’autre. Ils entrent doucement et vous apportent de la sagesse spirituelle.
Ils vous apportent la lumière, beaucoup de lumière et les salutations de vos bien-aimés qui vous ont précédés.
Or, que disent les gens? “Je ne veux rien avoir à faire avec tout cela.”
Ils bloquent leurs portes et refusent d’en parler.
Cela les ennuie d’entendre frapper puisqu’ils vivent dans une époque moderne et n’ont donc pas besoin de cet amour. Ils pensent en avoir déjà.
Mais quel amour?
L’amour de sa propre personne!
Alors, la porte se ferme et l’esprit se retire.
Les rares personnes qui l’ont ouverte oublient vite ou sont déçus, parce que l’amour des esprits dépasse leur faculté de compréhension.
Ils ne veulent pas de cette vie-là car elle demande trop d’effort et de souffrance.
Afin de recevoir l’amour spirituel on doit perdre et déconstruire son entière personnalité.
Or, les hommes restent sourds et durcis, ils ne veulent pas ressentir cet amour ou entendre frapper.
Il est impossible de les convaincre.
Ils considèrent les esprits comme des étrangers avec qui ils n’ont rien à faire.
Si seulement ils regardaient mieux, ils verraient leur propre père et mère ou un frère, une sœur.
C’est eux qui reviennent, le cœur débordant d’amour, mais on ne veut pas connaître ces morts.
Pourtant, ils reviendront sans cesse jusqu’à ce que les portes restent ouvertes pour l’éternité.
Dès lors, les esprits vivront en paix et tous seront réunis.
L’église et le spiritisme iront main dans la main et “la mort” sera synonyme de “vie”.
Ceux qui reviennent, ne sont-ils pas aimants?
Cela vaut la peine d’y réfléchir, n’est-ce pas?
Ici, c’est un enfant qui a frappé et, Dieu merci, on l’a entendu.
Nous devrions prendre conscience de cela.
Sortez donc vos antennes spirituelles et tâtonnez cette vie invisible. Des milliers d’esprits seront là pour vous aider.
En sentant les choses vous les verrez, ce sera comme si vous le saviez.
Dès lors, votre cœur humain fondra et vous vous inclinerez.
Certains le font juste à temps, mais pour d’autres il est trop tard.
Tout cela n’est que nourriture spirituelle pour leurs vies obscures, et pourrait y apporter de la lumière.
Comme tout est vrai, me dis-je, aussi vrai et palpable que notre corps et notre cœur qui bat.
Pourtant, nous ignorons à quoi ressemble un homme véritablement vivant. N’est-ce pas horrible?
L’homme vivant doit venir dire à celui qui est fermé qu’il est un mort-vivant.
L’homme est incapable de sonder cette profondeur de l’âme.
Il ne peut accepter la vie invisible qui vit pourtant en lui, oui, il est lui-même cet énigme.
Il le maudit toutefois et continue à maudire tout ce qu’il ne comprend pas, lui-même inclus.
Lorsque des esprits reviennent vers nous et nous apprennent à connaître la vie éternelle, devons-nous fermer les yeux sur eux?
Avons-nous le droit de leur dire: “Évitez ma porte”?
Ne pouvons-nous pas les laisser entrer un instant?
Car ils nous emmèneront vers des régions inconnues et nous montrerons des vues infinies et belles, inondées de lumière.
Ils nous parlerons de la beauté et de la splendeur de la nature. Ils nous guideront sur les océans pour contourner les tempêtes et les écueils.
Une fois mon patient reparti, Alcar me dit de mettre les preuves noires sur blanc.
Je racontai à ma femme et à un ami ce que j’avais vécu et que le prêtre allait mourir cette nuit même.
Le lendemain, je venais de m’habiller lorsque je revis le prêtre:
c’est en me dirigeant vers le salon que soudain je sentis une forte influence.
En y entrant, je vis l’esprit du prêtre auprès de la statue du Christ.
J’eus peur et fus comme paralysé.
Il se tenait devant moi dans un habit lumineux et me regardait de cette façon charmante qui lui était propre.
Je m’effondrai sur le canapé et sentis la connexion avec lui s’établir.
Le voici devant moi et mort sur terre pensai-je.
Il avait dit adieu à la vie terrestre
et était à jamais “esprit”.
“Je suis décédé, cette nuit.
C’est si merveilleux ici!” s’exclama-t-il.
Profondément ému par cette merveille sacrée, je hochai la tête, incapable de prononcer un seul mot. C’était trop pour moi.
Il dit: “Je suis décédé et suis en vie.
Je plane, Jozef,
j’ai plané jusqu’ici.
Personne ne le sait à part toi.
Ne dois pas parler trop.”
Il prononçait les mots de façon entrecoupée
et je voyais qu’il levait les yeux.
Le prêtre contemplait le cosmos infini et irait trouver sa paix éternelle et sa possession dans la vie après la mort.
Il était déjà très loin de la terre.
La lumière qu’il dégageait était l’amour qu’il portait en lui.
Il irait vers l’amour, la lumière et le bonheur.
“Où allez-vous à présent?” demandai-je au bout d’un moment.
“Je vais bien dormir maintenant,” répondit-il, “je suis fatigué.”
Puis, je vis que mon maître lui adressait la parole, et le prêtre disparut.
Je l’entendis dire encore: “Adieu, mon Jozef, je reviendrai.” Il se résorba devant moi.
Ce fut d’une incroyable beauté.
Le soir même tous les journaux de la région parlaient de son départ.
Tous ceux qui l’avaient connu l’honoraient pour sa noblesse et sa grande humanité.
Un grand prêtre, père et ami, avait disparu, et il était irremplaçable.
Il avait pressenti sa mort. Jamais auparavant j’avais vécu un passage aussi beau
et je n’en vivrais pas de si tôt.
Quatorze jours passèrent.
Tandis que je me trouvais tranquillement assis au salon, je vis soudain le prêtre.
Alcar m’avait prévenu qu’il me connectait.
Il vint vers moi en souriant et dit:
“Tout est fini à présent, je suis réveillé, à jamais réveillé.”
Il mit son bras autour de moi et se tut.
Il se tint là, absorbé par des pensées profondes que je devinais.
Je vis le film de sa vie défiler,
le jour de notre rencontre notamment, tous ces moments trop beaux pour être oubliés,
suivis par son passage et l’entrée dans la vie spirituelle.
Ce fut grandiose et d’une profondeur infinie.
Il se tenait à côté de moi comme un grand sage.
Il avait acquis cette sagesse durant sa vie et elle était maintenant sa possession.
Il me montra également de nombreuses visions, des endroits dans la vie spirituelle qu’il avait déjà visités.
Il vivait dans la troisième sphère, détaché de la terre.
Plus qu’une sphère et il entrerait dans le pays Estival.
Pour finir, il me montra encore une image,
l’image de celle qui avait introduit le prêtre auprès de moi.
“Remerciez-la pour moi et saluez tous les autres, dit-il.
Je vis et suis heureux.
Au-revoir, Jozef, je reviendrai.”
Le jour arriva où je dus mettre cette histoire noir sur blanc,
et dès qu’Alcar m’eut prévenu, je vis le prêtre.
Il disait être très heureux de pouvoir revenir vers moi et de pouvoir m’assister depuis l’au-delà.
Il prit place à côté de la table où j’écrivais et partit une fois que j’eus terminé d’écrire.
Il n’avait pas beaucoup de choses à dire.
Il dit: “Plus tard, je dois apprendre beaucoup de choses. Je veux tout voir d’abord!”
Il n’était pas en mesure de décrire sa sphère.
Il n’était pas quelqu’un de bavard et il devait apprendre à connaître la vie spirituelle.
Je connaissais toutefois la troisième sphère. Je l’avais visitée avec mon maître et je connaissais le bonheur que possèdent ceux qui y vivent.
Tous sont des esprits de lumière et possèdent de l’amour, de l’amour pur.
Que puis-je ajouter à cela?
Les preuves sont suffisamment parlantes.
Je m’adresse à tous ses amis et proches: “Votre cher prêtre vit et est heureux.
Vous le reverrez car il ne vous oubliera pas.
Si l’un d’entre vous peut être convaincu par ce récit, lui et son fils en seront heureux.
Il vous attend et vous remercie de votre amour.”
Je n’ai transmis que la vérité, telle que je l’ai vécue.
 
Celui qui se considère maître sur terre
sera un apprenti dans l’au-delà.
Alcar