Le contact avec toi sur terre

Sur le chemin, le frère me dit qu’une surprise m’attendait. Il l’avait évoquée juste avant que j’entre à l’école.
J’étais très curieux et n’avais pas la moindre idée de ce que cela pouvait être.
J’étais reconnaissant de recevoir un peu de joie pour une fois. Je regardai le frère et lui demandai de ne pas me faire trop attendre.
“Écoutez,” dit-il, “il m’a été permis par des esprits élevés de vous conduire sur terre pour être présent à une séance.
Là, vous reverrez quelqu’un que vous avez connu sur terre.”
“Mes parents?” demandai-je aussitôt, “m’aiderez-vous à entrer en contact avec eux?”
“Non, il ne s’agit d’aucun membre de votre famille, dit-il, mais une fois la connexion établie, vous reconnaîtrez tout de suite cette personne.”
“Ah, alors je sais de qui vous parlez.”
Le frère me sourit.
“Jozef!” m’écriai-je. “Personne d’autre n’est en mesure de me donner ce grand bonheur: il est accessible.”
J’avais bien senti, car le frère me répondit: “C’est à lui que nous rendrons visite.”
J’ai alors saisi ses mains et l’ai remercié de tout mon cœur.
“Son propre maître me l’a ordonné, ajouta-t-il. Il y aura d’autres surprises, mais plus tard.”
Je n’avais pas songé à une pareille éventualité.” C’était effectivement une grande surprise.
“En quoi ai-je mérité cela, mon frère?”
“C’est grâce à vous-même. Vous avez progressé si bien qu’on peut vous le faire vivre. Mais il y en aura d’autres des surprises.”
Je suis retourné dans mon propre environnement, rempli de bonheur.
Le soleil brillait pour moi et je me suis avidement nourri de ses rayons.
C’est à ce moment-là que j’ai réellement commencé à vivre. Quel bonheur de pouvoir sentir cela!
“J’aurai pu vous conduire directement sur terre, comme je vous l’ai dit dans le passé, mais vous seriez passé à côté des événements.”
Je comprenais le frère, et j’étais heureux que mon évolution se fasse de façon progressive.
“Nous agissons, ce que vous comprendrez sans doute maintenant, en fonction des forces que possède l’homme et avec lesquelles il est en syntonie.
Vous êtes entré ici pas à pas, tandis que d’autres, une fois confrontés à la réalité, se perdent pour longtemps.
Mais dans ce cas, nous le savons d’avance, car nous ne faisons rien sans savoir pourquoi.
D’autres doivent inévitablement rechuter, cela leur est indispensable, parce qu’ils restent sinon inaccessibles.
Ils se relèveront et recommenceront.
Je vous explique tout cela pour que vous sentiez que chaque syntonie humaine est une condition personnelle en fonction de laquelle l’homme agit.
Je vous ai également dit, à l’époque, qu’il y avait un peu de possession en vous.
Ce sont ces forces-là qui m’ont permis d’agir de cette façon et de vous montrer notre vie.
C’est ainsi que nous progressons, jusqu’à ce que vous ayez atteint la première sphère. Là, vous passerez entre d’autres mains.”
“Devrai-je vous quitter?” lui demandai-je, inquiet.
“Nous ne nous quitterons jamais, me rassura-t-il. Nous sommes unis pour l’éternité et demeurerons connectés intérieurement, mais vous ferez votre travail, tout comme moi et tant d’autres.
Nous allons bientôt partir.
Je vous laisse seul et viendrai vous chercher dans quelques instants.”
Tu t’imagines mon bonheur à l’idée de te revoir, Jozef! Maintenant tu sais pourquoi je me suis fait attendre si longtemps.
Je n’avais pas la moindre idée du déroulement d’une séance.
Je ne l’avais jamais vécu sur terre, parce que cela m’avait fait peur et m’avait paru comme le travail du diable. Mais maintenant, je reconnaissais l’immense grâce qu’il y a en elle.
Je n’ai pas eu besoin d’attendre longtemps et nous sommes partis.
Nous avons atteint la terre en peu de temps.
Le frère me devançait et nous entrâmes dans le salon d’une demeure terrestre.
Là, nous sommes entrés dans un séjour terrestre où je vis quelques personnes réunies autour d’une table, sur laquelle était posée une croix et un tableau indiquant l’alphabet.
Tu connais tous ces moyens pour faire une séance bien sûr,
quant à moi, je n’y comprenais rien, mais je sentais à quoi allaient servir cette croix et ces lettres.
Je vis de nombreux esprits élevés, mais toi, je ne te voyais pas.
Ce fut une grande déception.
Je ne fus pas découragé pour autant: il y avait une raison à cela, et le frère devait me la dire plus tard.
Un de ces esprits élevés était le guide de tous les autres.
Tu te trouves sous sa direction. Ce n’est pas ton guide spirituel, mais le maître de tous ces esprits élevés.
Tu vois de qui je parle.
La séance a commencé, et nous devions attendre patiemment notre heure, puisque l’occasion m’allait être offerte de dire quelque chose.
Tous ces gens étaient enveloppés d’un voile bleuâtre qui les protégeait entièrement du monde astral,
si bien que pour les milliers d’esprits qui habitaient la sphère terrestre, ces gens, ceux qui participaient à cette séance donc, étaient invisibles.
Le frère me dit: “C’est une grande grâce pour nous, tout comme pour ceux qui vivent sur terre, d’entrer en contact.
Ils y sont nombreux à chercher ce contact.
D’autres, par contre souffrent, parce qu’ils voient leur contact détruit après des années d’efforts, par des gens qui utilisent le spiritisme à des fins sensationnelles.
Leur travail de plusieurs années est ainsi détruit.
Gare à ceux qui détruisent de plein gré ces connexions, car en détruisant le bonheur des autres,
Ils oublient que des maîtres descendent dans cette sphère où règnent passion et violence pour leur donner de la nourriture spirituelle.
Ils oublient également la difficulté de notre vie, ainsi que notre vœux si cher d’entrer en contact avec nos bien-aimés.
Ces gens, Gerhard, provoquent de la souffrance et du chagrin là où le bonheur aurait pu être donné.
Le maître qui entre en contact avec ce cercle, est un maître issu de la septième sphère.
C’est de cette façon que les hommes terrestres sont connectés avec la vie spirituelle et reçoivent de nombreuses preuves d’une continuité de la vie.
Cependant, certains ne se contentent pas de cela et demandent sans cesse d’autres preuves,
sans quoi ils considèrent le spiritisme inutile et leurs soirées gâchées, si bien qu’ils y perdent tout intérêt.
Mais ils ignorent comme c’est difficile pour nous de devoir donner de telles preuves.
On leur demande de faire abstraction de leur personnalité pendant quelques heures,
car cette connexion est établie grâce à la concentration et la volonté.
S’il leur est donné de passer quelques instants auprès de leurs bien-aimés, ils reçoivent non seulement du bonheur, mais pourront également puiser de la force dans cet événement pour se développer eux-mêmes.
Après leur passage, ils seront unis pour l’éternité.
De nombreux esprits souffrent, parce qu’ils voient leurs connexions si belles détruites.
Il y a plusieurs manières de les détruire.
Premièrement, il y a ceux qui abusent du spiritisme à des fins sensationnelles.
Puis, il y a ceux qui font semblant d’être des instruments entre nos mains, et qui ainsi trahissent notre monde et trompent les hommes.
Ils connaîtront une grande souffrance lorsqu’ils entreront dans cette vie.
Pour finir, il y a ceux qui se donnent de l’importance et refusent de s’ouvrir.
Pour tous ces gens, il est dans leur intérêt de ne jamais toucher au spiritisme. Ils ignorent qu’ils se trouvent sur un sol sacré et qu’il faut jeter un pont sur cette immense faille qui se trouve entre la vie terrestre et la vie éternelle.
Regarde ce qui va arriver.”
À ce moment-là, je vis distinctement l’esprit élevé prendre possession d’un être humain.
Il s’agissait d’un homme cinquantenaire qui servait de canal.
C’était prodigieux à voir en ce qui me concerne, surtout depuis ce côté.
Une lumière sublime émanait de l’esprit et enveloppa tout son être lorsqu’il prit possession du corps matériel.
Je vis distinctement l’esprit y descendre et disparaître, tandis que les deux auras se connectaient, si bien qu’elles semblaient se mélanger.
J’ai compris à cet instant que la vie émotionnelle de l’homme doit obligatoirement syntoniser avec ce rayonnement pour que cet accès soit possible.
Si son rayonnement avait été différent ou incompatible, il n’y aurait eu aucune possibilité pour l’esprit de se manifester à travers ce même instrument terrestre.
C’est une grande grâce de pouvoir utiliser le corps matériel de l’homme terrestre.
Le frère me dit alors que j’avais bien senti et qu’il m’avait aidé en exerçant en silence son influence sur moi.
Il en ferait toujours ainsi.
Je sentais que cet esprit laisserait une sensation de bien être et de bonheur après avoir quitté l’enveloppe matérielle du médium.
Puis, je vis l’esprit terrestre quitter son propre corps matériel.
Il fut accueilli par des esprits d’amour et emmené dans les sphères où on lui montrerait la vie spirituelle,
après quoi il retournerait sur terre enrichi de sagesse spirituelle.
Mais soudain, en un éclair, cet homme désincarné fut projeté en dedans, si bien qu’il se heurta à son propre corps.
Le choc fut si terrible que nous l’avons senti traverser nos propres corps.
Que s’était-il passé?
Je me rendis compte d’une perturbation, mais je n’étais pas en mesure de voir d’où elle venait.
Le corps matériel se recroquevilla suite à ce retour précipité de l’esprit, si bien qu’il se mit à suer et que son cœur commença à battre la chamade.
Je le voyais, et je sentais combien cela était difficile pour les deux êtres.
Même le guide spirituel, l’esprit qui était expulsé du corps, sentait cet événement comme s’il était rejeté avec violence.
L’homme, le médium, se réveilla en état de choc, mais il reçut de l’aide de notre côté.
On exerça des passes magnétiques sur son corps matériel, ce qui le calma peu à peu et lui permit de respirer mieux.
Je me suis alors rendu compte du grand danger que présentait cette expérience.
Un autre esprit dit, au moyen de la croix et des lettres, ce qui venait de se passer.
Il se concentra sur ceux qui tenaient la croix, de façon à ce que toutes ces personnes perdent leur influence et qu’il puisse parler.
Un voile bleue enveloppait désormais la croix, un voile fait de forces spirituelles et terrestres, de rayonnement issu de l’esprit et de l’homme.
Puis, je sentis que l’esprit élevé se concentrait, ce qui fit bouger la croix.
Je voyais distinctement les mots être épelés et former des phrases pour informer l’homme de ce qui s’était passé.
Cet événement prodigieux et pourtant simple fut quasi incompréhensible pour moi.
Les participants nommaient les lettres, et une fois les messages reçus, ils les lisaient aux autres, ainsi qu’au médium, afin de le rassurer, car il était toujours dans un état de surexcitation.
J’entendis dire: “Nous avons été perturbés par les éléments.”
Des éléments, me demandais-je, qu’est ce que cela signifie?
Les participants savaient visiblement de quoi il s’agissait, tandis que moi qui vivais de ce côté n’en savais rien.
Le frère me dit alors de me concentrer sur eux. Après avoir attentivement écouté, je compris:
j’entendais un orage violent et la pluie tomber en trombes.
C’étaient ces éléments-là qui avaient été à l’origine de la perturbation.
Comme cela me parut étrange de ne pas l’avoir entendu plus tôt.
“Vous voyez,” dit le frère, “c’est une question de concentration et de connexion, mais vous apprendrez tout cela avec le temps.”
Puis, le guide spirituel dit grâce à la croix qu’il reprendrait possession du médium.
Ils ne pouvaient le laisser dans cet état, autrement le système nerveux en resterait à jamais perturbé.
Tous devaient se concentrer sur lui, et on devait prier également.
J’entendis dire: “Cette perturbation n’est pas de notre faute, les forces qui nous entravent sont d’origine terrestres.
Nous avons fait nos calculs et cette perturbation cessera dès lors que le médium se donnera entièrement et saura se libérer de tout.”
Nous priions tous de notre côté, et les participants étaient également absorbés par leur prière.
Ce moment fut sacré pour moi. Je n’avais jamais vécu quelque chose d’aussi beau.
Derrière moi se trouvaient des centaines d’esprits malheureux, venus en silence, car il leur était permis d’assister à la séance.
C’est le frère qui me les fit remarquer, car je n’avais rien vu jusque là.
L’esprit tenta alors de se connecter avec l’homme matériel une deuxième fois.
Ce fut plus facile cette fois-ci, et je vis le médium quitter son corps et entamer le voyage vers les sphères.
“Mon Dieu, les dons que l’homme reçoit de Vous sont si grands!” pensai-je
en voyant s’accomplir ce phénomène prodigieux.
Il fut suivi d’un second prodige:
le rayonnement de cet esprit élevé traversa le visage matériel, si bien que moi et tous ceux qui étaient présents avons pu le remarquer.
Ce fut un moment sacré devant lequel nous avons incliné nos têtes,
mais je constatai que les participants ne s’inclinaient pas autant que nous qui étions de l’autre côté.
Ils ignoraient et ne voyaient pas qui était l’esprit qui était en train de leur parler.
Ce spectre lumineux qui avait pris possession du corps matériel se mit à parler au moyen de ce même corps.
La douce voix du médium avait changé, car je l’avais entendu parler avec une voix différente auparavant.
L’esprit utilisait les organes matériels et parvenait parfaitement à parler.
Il s’adressa aux participants et leur donna un enseignement spirituel, un message issu de notre vie,
ayant pour sujet l’amour et sa grande signification.
Il leur dit comment il leur fallait vivre pour atteindre un jour les sphères de lumière,
et raconta sa vie dans les sphères et celle qu’il avait vécue sur terre.
J’ai tremblé en apprenant qu’il vivait dans les sphères depuis mille six cents ans.
Je me dis: “gare à celui qui souille et cherche à détruire cette vie”.
Je comprenais désormais ce que mon maître avait voulu dire par: “ceux qui détruisent ces connexions volontairement recevront beaucoup de souffrance”.
Ce fut une leçon belle et instructive pour moi, et une fois terminée, je vis le médium revenir et redescendre dans son corps.
Il se réveilla dans un état élevé et se sentait heureux.
Ensuite, les participants ont eu le droit de poser des questions, et ils ont demandés des conseils concernant la maladie et d’autres soucis terrestres.
C’est alors qu’un médecin spirituel, un esprit également très élevé, s’avança pour répondre à toutes leurs questions.
Les participants reçurent des réponses directes à des lettres encore fermées, puis ils lurent ces lettres pour confirmer la justesse des réponses.
J’ai trouvé cela prodigieux, car j’en étais personnellement incapable. Cela m’a fait comprendre à quel point j’étais éloigné de tous ces esprits.
Non seulement ils savaient ce que l’homme allait demander, mais donnaient également des diagnostics justes.
C’est alors que j’ai entendu un des participants dire: “Comment est-ce possible, ils savent tout,
il n’y a point de secret pour eux.”
Celui qui recevait l’aide était très reconnaissant.
Puis, un autre esprit répondit à de multiples questions terrestres.
C’est après qu’il m’a été permis d’entrer dans le cercle. C’est ainsi que je me suis fait entendre pour la première fois sur terre.
Inutile de te dire mon excitation:
je n’y parvins pas du tout malgré tous mes efforts.
À ce moment-là, le maître élevé communiqua aux participants: “Il n’a jamais été reçu auparavant, vous devez l’aider.”
J’ai entendu dire alors: “Pouvons-nous vous être utile?”
C’était une dame, dont le rayonnement était très beau, qui venait de me poser cette question. Sa voix était très aimable.
“Volontiers”, épelai-je.
J’ai transmis mes pensées en bafouillant, mais ils ont pu me comprendre, Dieu soit loué.
Je me rendais compte de l’aide venue de l’esprit élevé.
J’ai dit enfin: “Dites à Jozef que je suis là. Il me connaît et sait de qui il s’agit.”
Je n’ai pas dit mon nom, seulement: “De la part du cocher, cela lui suffira.”
“Bien,” a répondu la même dame, “je lui transmettrai votre message.” 
Je l’entendais parler, mot pour mot,
et l’aurais bien embrassée: j’étais si heureux qu’elle veuille bien te transmettre mon message!
Je sais que tu as été déçu parce que je n’ai rien dit à propos de notre conversation. Mais je pouvais t’en dire la raison que plus tard, et tu comprendrais alors.
Il y avait beaucoup de bonheur à cette séance, je le sentais.
Deux esprits, qui vivaient de notre côté revirent leurs épouses et bien-aimées.
Nul besoin de te dire la force de tels liens.
Elles vivaient et avaient pris connaissance de notre vie. Grâce à cela, la connexion était possible entre eux,
et ils purent être réunis pendant quelques instants.
Je compris tout cela avec l’aide de mon guide spirituel.
Le spiritisme est si puissant dans ces cas, et ces séances d’une telle beauté!
La sagesse était reçue au moyen de la croix, mais le frère me fit part d’autres moyens.
On peut également se servir d’une table et faire épeler les lettres par des coups.
C’est un moyen très simple qui permet d’établir la connexion.
J’ai frémi et tremblé encore lorsqu’il m’en a parlé, parce que je savais à quel point je m’étais moqué à l’époque de cette même petite table.
Mais tout cela était loin derrière moi, et j’en conclus que l’homme peut être infiniment ignorant.
Ma prière, ce soir, arrivait à sa fin, mais il m’était permis de revenir une autre fois.
J’avais vécu tant de bonheur dans la sphère terrestre!
“Que faire maintenant?” me demandai-je. Devais-je retourner dans ma propre sphère?
Je n’en savais rien, mais une fois repartis, le frère me dit: “Je vais te montrer la vie matérielle telle que vous l’avez apprise à l’école. Venez, suivez-moi!”
“Nous ne rentrons donc pas?”
“Non, nous resterons pour l’instant dans la sphère terrestre.”
“Ne le verrai-je pas alors?”
“Si, plus tard.”
“Plus tard” voulait dire “le lendemain”, parce que je devais vivre d’autres expériences avant.
Nous nous promenâmes dans les rues comme si nous vivions toujours sur terre.
“Bien que nous soyons des esprits,” dit le frère, “il nous est possible de vivre exactement les même choses que l’homme terrestre.
Nous passons dans leur vie et voyons et sentons les choses de la même façon que l’homme.
Nous sommes en mesure de nous connecter dans la vie normale, tel que nous le faisions durant la séance.”
J’arrivais à mieux observer la vie terrestre que lorsque je vivais sur terre.
Je pouvais désormais voir à travers la matière, ce qui n’était pas possible auparavant.
Je voyais l’homme, et autour de celui-ci, l’homme astral.
Nous entrâmes dans un bâtiment terrestre où se trouvaient de nombreuses personnes réunies et où on jouait de la musique.
Il y eut un roulement de tambour qui nous paru menaçant, voire criard.
Où étions nous?
“Dans un cinéma,” dit le frère, “mais nous n’y resterons pas. Je voulais juste vous montrer que nous pouvons également vivre cela.”
Je vis de nombreux esprits venus pour veiller sur leurs bien-aimés ou pour les protéger.
Je contemplai ce spectacle contre-nature.
Je sentais la moquerie envers notre monde et il y avait-là un grand danger pour la vie spirituelle.
L’homme voulait à tout prix s’amuser, et le cinéma était un des moyens pour passer du bon temps.
Ce que je voyais n’était toutefois rien d’autre que de la sensation.
On montrait un film qui était dépourvu de toute valeur spirituelle et qui ne possédait aucune valeur instructive.
C’était de la passion pure,
et l’homme s’en trouvait influencé, et sa vie émotionnelle contaminée.
L’homme était entouré par de nombreux démons,
car je voyais des êtres bestiaux que je n’avais encore jamais rencontrés de ce côté.
“L’homme terrestre ne peut pas se cacher pour ces êtres,” dit le frère.
“L’homme astral cherche à s’amuser et y parvient uniquement en se connectant avec l’homme terrestre.”
C’était logique, comme tout le reste.
J’entendais les voix matérielles et j’étais en mesure de tout observer tel que le faisaient les être humains.
“C’est si puissant de pouvoir le vivre de ce côté,” dis-je au frère.
Je voyais la vie terrestre telle que je ne l’avais jamais vue.
Nous rendîmes visite à d’autres locaux que je n’aurais jamais visités de mon vivant.
Le frère voulait que j’apprenne à connaître le côté animal de l’homme, étant donné que je devais revoir ces mêmes êtres dans les sphères sombres.
Il m’expliqua tout et je frémis devant tant de bestialité.
Je voyais l’homme après avoir détruit sa vie et celle des autres,
et j’ai prié Dieu en silence pour le remercier d’avoir été épargné.
Je vis de nombreux hommes et femmes réunis.
Ils étaient tombés si bas.
Les hommes étaient nombreux à se faire piéger.
Je savais que de tels êtres vivaient sur terre, mais les voir depuis notre vie était d’autant plus effrayant.
L’on pouvait voir à travers eux et sentir ce qu’ils cherchaient, ainsi que la passion et l’animalité qu’ils cachaient derrière leurs masques.
Comment l’homme pouvait-il à ce point s’oublier?
“Ces êtres sont tombés au plus bas,” dit mon maître, “et ils se rendront seulement compte de l’horreur de leur vie obscure lorsqu’ils arriveront de ce côté où ils ne vivront que des souffrances.
Je voyais en eux et autour d’eux des êtres astraux qui enlaçaient les femmes. C’était des hommes bestiaux qui étaient revenus sur terre après y avoir vécu.
Ainsi, ils vivaient la même vie que lorsqu’ils occupaient un corps matériel.
Ils s’enfonçaient dans la bourbe de leur vie et y resteraient de nombreuses années, jusqu’à ce qu’ils entament une vie différente.
Ces gens avaient tant de choses à déconstruire.
Comparé à ma propre vie, je ressemblais à un saint,
et pourtant, je n’avais aucune possession.
Je plongeais mon regard dans une obscurité profonde, et le seul fait de penser à tant de misère me donna des frissons.
Si seulement les gens savaient qu’ils ne sont jamais seuls, ils se protègeraient contre toutes ces horreurs.
Chaque pensée qu’ils émettent et chérissent est interceptée. Elle attire ce qu’elle désire et pousse l’homme en avant sur ce chemin
sur lequel plus personne ne peut lui venir en aide.
Nous ne sommes pas restés longtemps car je n’aurais pas tenu le coup.
Cependant, j’apprenais à connaître les lois spirituelles que l’on m’avait enseignées à l’école.
Je me trouvais au sein de la vraie vie, et sentais des forces en moi qui m’avaient préservées et empêchées durant ma vie terrestre de commettre de tels actes.
Je voyais ces pauvres hommes détruire leur vie éternelle en une brève vie sur terre.
Ceux qui sentent le désir de fonder un foyer et cherchent à se comprendre en tant qu’homme et femme, qui tentent de construire une vie et élèvent un enfant, ceux-là ont reçu le bonheur et la grâce la plus élevée que Dieu puisse offrir à l’homme.
C’est dans ce but que nous vivons sur terre, c’est pourquoi cette condition humaine est la plus élevée.
Elle signifie un bonheur sacré et représente le chemin que tous doivent suivre un jour.
Je vis la vie terrestre de jour et de nuit, lorsque l’homme est profondément endormi.
C’est alors seulement que l’animal astral prend possession de ceux qui font le mal afin de les vider de leurs sucs vitaux.
Le frère m’expliqua tout cela.
L’homme astral se faufile dans le cerveau de l’être humain qui obéit ensuite à sa volonté, puisqu’il est convaincu de suivre sa propre volonté.
C’est au plus profond de la nuit que l’homme vole et commet des meurtres, poussé par ses passions et les forces astrales.
Mais ces forces bestiales ne s’arrêtent pas non plus lorsque le soleil brille.
La connexion demeure intacte le jour, et les choses seront vécues dès lors que l’homme s’y ouvre.
“Vous sentez sans doute,” dit le frère, “qu’il faut changer encore beaucoup de choses avant que les hommes veuillent devenir les enfants de Notre Père Sacré.”
Puis nous avons visité plusieurs églises et d’autres édifices, et je compris que seul le spiritisme était en mesure de changer les dogmes.
Ce sont ses adeptes qui ont établis la connexion entre notre monde et la terre.
Je remerciai le frère pour toutes ces explications.
Puis le frère devait me montrer quelque chose d’extraordinaire: le passage d’un être humain vers ce monde.
Nous avons traversé les maisons et sommes restés dans l’une d’entre elles.
Le frère me dit: “Regardez, nos frères sont là en tant qu’esprits pour donner du soutien spirituel au mourant.”
Nous étions entrés dans une grande chambre où était alité un vieil homme qui n’avait plus longtemps à vivre.
Plusieurs membres de sa famille pleuraient à son chevet. L’homme qui était en train de mourir n’avait pourtant pas accompli une grande vie.
Je vis les mêmes spectres que lors de ma propre agonie: il s’agit d’assistants spirituels venus de notre monde.
Tout mourant recevra cette aide.
Mais il n’y avait pas que des assistants: des esprits qui vivaient désormais de ce côté et qui allaient lui causer beaucoup de souffrance et de chagrin étaient là aussi.
“Cet homme est attendu par de nombreuses personnes qui lui demanderont des comptes pour tout ce qu’il leur a infligé,” dit le frère.
Ca promet, pensai-je.
“Venez, nous allons continuer.
Je pourrais vous montrer de nombreuses agonies, mais ça sera pour une autre fois.
On vous en a parlé à l’école, et vous comprendrez maintenant encore mieux.
Cet homme ne fera pas partie des heureux en arrivant ici.”
Puis, j’ai fait l’expérience de nombreuses autres syntonies et conditions humaines dont on m’avait parlé à l’école.
C’est alors, seulement, que je compris toutes ces transitions, ce qui n’aurait pas été possible avant.
À la fin, le frère me conduit à un endroit ou se trouvait la chose la plus belle que j’aie rencontrée au cours de mon voyage terrestre.
Nous sommes entrés dans une pièce où j’ai pu voir distinctement un homme en train d’écrire.
Je voulais voir son visage, car l’homme avait le dos tourné, mais le frère me retenait.
“Restez,” dit-il, “vous ne devez pas le déranger.”
Grâce à la force du frère, je vis une présence lumineuse envelopper et inspirer cet être humain.
“Regardez, c’est ce qu’on appelle une belle connexion. Celui que vous voyez est un médium entre nos mains.
Il reçoit tout et c’est son guide qui le lui dicte. On appelle cela également “contrôle”. Chaque expérience est préalablement vécue dans notre monde.
Ce médium se désincarne et reçoit notre vie éternelle, telle que vous avez pu le voir lors de la séance.
Mais lui se désincarne en pleine conscience, ce qui est donné à peu de gens.
L’être que vous voyez à ses côtés est un esprit issu de la cinquième sphère, un maître de la lumière.
J’ai pu être connecté une fois avec ce maître lorsque j’ai travaillé pour lui.
Vous voyez, Gerhard, que ce médium est profondément relié à notre vie ainsi qu’à son maître.
Il nous rend service en étant l’outil de son maître qui veut convaincre l’humanité de notre existence.
Nous ne devons pas les déranger, c’est pourquoi je vous empêchais d’approcher.”
Je les observai à quelques mètres de distance, et dit au frère:
“Quelle grâce de pouvoir recevoir cela.”
“Cet homme est très éloigné de la terre sur le plan émotionnel.
Il a vu les sphères et est déjà descendu en enfer pour connaître cette vie, mais toujours en compagnie de son maître.
Il mettra toutes ces expériences noir sur blanc, et vous voyez de quelle façon cela se passe.”
Je vis un voile bleu envelopper cet homme terrestre, tel un mur fait de force spirituelle.
Il était impossible d’y pénétrer de ce côté, il était ainsi fermé à notre monde.
“Ce lien est très beau,” dis-je au frère. “Vous n’auriez pas pu me montrer de chose plus belle.”
Dès lors, j’eus une autre sensation: je me sentais comme attiré par cet homme.
Je ne savais pas ce que cela signifiait et n’osais pas le demander par peur de m’imaginer des choses.
Mais il m’était impossible de me libérer de cette sensation si soudaine.
Comme je n’arrivais plus à me retenir, je fis part de mon sentiment au frère en disant: “J’ai eu une sensation très étrange que je n’ose vous dire, car je crains de me faire des idées.”
“Quelle est-elle, Gerhard, dis-le moi sans crainte.”
En voyant le frère sourire, je me suis rendu compte qu’il en savait déjà plus.
“Lorsque je le regarde, je vois Jozef, est-ce possible?”
“Écoutez, Gerhard:
celui que vous voyez en train d’écrire sur notre vie est votre ami, celui qui vous a parlé de notre vie avant votre départ.”
Par pur bonheur, j’ai serré les mains du frère.
“Jozef,
est-ce bien Jozef?
Quel bonheur d’avoir pu le revoir de cette façon!”
J’avais les larmes aux yeux.
Que l’esprit qui le guide est grand et que la signification de son message est grande!
Sa tâche est merveilleuse.
C’est maintenant seulement que je peux te le dire, Jozef,
parce que la première fois je ne le pouvais pas. J’avais juste le droit de regarder.
Je sentais de la considération pour ton guide élevé, et de l’amour pour toi.
Soudain, je crus m’effondrer:
j’ai vu ton guide se tourner, me regarder et me sourire.
Il savait que nous étions là, et avait interrompu le contact.
Tu t’es levé,
tu as quitté ce voile bleu, invisible sur terre, et as marché à travers moi, si bien que je t’ai entendu soupirer de tant d’émotions et d’intense influence subies.
J’ai eu peur, car je me disais: maintenant il va me voir”.
Mais quelle déception! Tu ne me voyais pas et tu faisais semblant d’ignorer ma présence, tout comme les autres.
Étais-tu en même temps aveugle et clairvoyant?
Je t’ai alors appelé par ton nom mais tu ne m’entendais pas.
“Il est sourd, lui aussi il est sourd et aveugle” pensai-je.
Étais-tu un médium béni?
“Est-il clairvoyant?” demandai-je au frère.
“Non seulement il est clairvoyant, mais il peut entendre nos voix aussi.”
“Mais il ne m’a pas entendu lorsque je l’ai appelé par son nom, et il a marché à travers moi comme si je n’étais pas là.”
J’étais sans voix.
Tu es alors revenu, mais tu ne me voyais et tu ne m’entendais toujours pas.
J’étais si triste de savoir que
celui qui m’avait dit qu’il voyait les esprits ne voyait rien en réalité, qu’il était aveugle et sourd comme tous les hommes.
Ce n’est pourtant pas ce que l’on m’avait appris à l’école!
J’avais tellement envie de te parler, car je sentais ta ferme volonté d’apprendre à connaître notre vie.
Je sentais aussi que tu en savais plus que moi qui vivais désormais ici.
Tu mettais toutes tes forces dans ce travail et tu t’ouvrais tel un enfant. Tout un chacun pouvait entrer chez toi.
Pourtant, tu étais fermé pour moi et tant d’autres malgré cette ouverture.
Nul être ou esprit pouvait avoir accès à toi en dehors de celui qui te guidait.
Tu es aussitôt entré en contact et j’ai vu tes doigts survoler la machine à écrire.
Dans cet état, il m’était impossible de te sonder, car tu étais très loin de moi intérieurement.
C’est ton corps matériel qui exécutait le travail, tandis que ton esprit était élevé jusque dans notre vie.
J’ai pu sentir cela grâce au frère, sans qui je n’aurais rien compris.
Le frère me fit alors remarquer les tableaux, et un autre prodige me fut montré.
Chaque œuvre possédait son propre rayonnement.
Après avoir admiré tous les tableaux, je me suis assis près de toi et je t’ai regardé inlassablement.
Je ne pouvais penser qu’à toi,
et pourtant, je me heurtais à quelque chose. Il m’était impossible de percer ce voile et tu n’étais en rien dérangé depuis ici.
C’est prodigieux”, pensai-je.
Vous étiez un: le maître, à tes côtés, s’étant intérieurement connecté avec toi.
Vous étiez unis dans l’âme et partagiez la même volonté. Je sentais que vous formiez une seule vie.
C’était le désir de devenir comme toi.
Oui, je voulais m’acquérir la même chose.
Mais pourrais-je encore te rattraper?
L’homme terrestre qui a reçu le contact spirituel, et vit en fonction de celui-ci, est largement en avance sur un esprit qui vit ici.
Une fois délivré de ses souffrances matérielles, il entrera dans les régions les plus éloignées de la terre.
Ceux qui vivent sur terre dans la connaissance d’une vie éternelle sont des hommes bénis,
mais une fois de plus: seulement s’ils vivent en fonction de ce savoir, Jozef, autrement cela n’a aucune valeur.
“Soudain,” je me suis écrié: “Oui, je veux devenir comme lui!”
Comme je te le disais, quelque chose venait d’éclore, de naître, de s’éveiller en moi.
Je voulais m’approprier la même chose. “Je veux devenir comme lui, je veux sentir et voir comme lui!”
“Vous le recevrez Gerhard,” dit le frère, “vous ferez un travail au service des autres, tout comme il le fait sur terre.”
“Je veux sentir la vie dans laquelle il vit, oui, je veux apprendre à la connaître.
Pourriez-vous m’y aider?”
“Vous avez déjà commencé,” dit le frère, “et vous entamerez vote travail bientôt.”
“Mais pourquoi ne me voit-il pas?”
“Je vais vous l’expliquer. Écoutez: cet instrument voit uniquement ce que son maître veut qu’il voie.
Il voit donc grâce à la volonté de cet esprit élevé.
C’est ce qu’il a appris durant ces années pendant lesquelles le contact s’est établi.
Il s’ouvre uniquement lorsque son maître le juge nécessaire.
Vous en ferez l’expérience plus tard.
On ne doit pas le déranger dans cet état.
Il a marché à travers vous, sans pour autant vous sentir, mais il ne vous aurait rien dit non plus, même s’il vous voyait,
car il voit uniquement sur ordre, et se ferme à tout le reste.
Sans cela, des milliers d’êtres astraux se rueraient sur lui pour détruire son contact spirituel.
Un instrument comme lui est très précieux,
et il faut beaucoup de temps pour le développer jusqu’à cette hauteur.
Je connais son maître depuis longtemps, parce que j’ai pu travailler pour lui.
Grâce à cela, je sais de quelle façon ce maître exerce son influence et le protège contre tous ces dangers, si bien qu’on ne peut le détruire.
Vous pouvez crier de toutes vos forces, il ne vous entendra pas, pour l’unique raison que son maître ne le veut pas.
Vous pourrez l’atteindre une fois la connexion interrompue, mais seulement avec l’accord de son maître, là encore.
L’homme qui est au service de puissances élevées doit être vigoureux et posséder des nerfs très solides, car il ne peut être développé pour ce travail s’il est faible.
Si la moindre séparation entre le corps matériel et spirituel se produit, vous comprenez où cela le conduirait.
Or, je vous l’ai déjà dit, les instruments sont choisis avec beaucoup de tact, mais même après cela, il se peut que de multiples forces surgissent qui soient toutes aussi contrariantes.
Un médium comme lui doit avant tout posséder une grande confiance et une conviction profonde.
Ensuite, beaucoup d’amour à l’égard de notre travail, ainsi que la volonté de servir l’humanité.
S’il est en mesure de se laisser guider inconditionnellement par son maître, il ne peut y avoir d’éléments perturbateurs.
Il doit se donner entièrement, autrement dit: faire abstraction de lui-même, ce qui n’est pas facile. C’est cela la médiumnité, et dès lors nous pouvons accéder à cet instrument.
Plus le médium est développé, écoutez-moi bien maintenant, plus les sphères dans lesquelles il peut entrer sont élevées. Les dangers augmentent toutefois en conséquence, puisqu’il est ouvert à de multiples forces.
Vous avez vu la vie dans la sphère terrestre et je vous ai également montré la vie astrale. Maintenant, je vous le demande: est-ce étonnant que son maître le ferme de façon à ce qu’il ne voie aucun esprit sauf s’il l’estime utile?
Une fois de plus, il faut posséder des nerfs solides, autrement il peut y avoir des perturbations qui provoqueraient toutes sortes de maladies.
N’oubliez pas qu’il a vécu toutes les transitions que vous avez apprises à l’école grâce à la désincarnation.
Vivre cela lorsqu’on est sur terre demande beaucoup, oui, énormément d’effort.
Si ce même instrument se sentait comme tout autre être humain, vous voyez sans doute ce que je veux dire, il lui serait impossible de se déconnecter de la vie terrestre.
Il s’adonne toutefois à son maître tel un enfant.
C’est indispensable, et le secret de cet accomplissement se trouve là.
C’est de la dévotion, Gerhard, ainsi qu’une grande confiance et croyance en nous. C’est de l’amour envers nous et envers l’homme sur terre: le désir de transformer la souffrance et le chagrin en des retrouvailles heureuses de ce côté.
C’est cela, servir. C’est uniquement cela.
Il possède ce sentiment.
Lui qui est votre ami, vit intérieurement de notre côté.
Il se donne entièrement et il se donnera toujours.
En échange, il reçoit notre sagesse et retourne sur terre, enrichi de ces trésors spirituels qui lui permettent de les mettre noir sur blanc, comme il le fait actuellement.
Notre vie a son entière attention, mais pour celui qui possède un tel outil, un tact qui avoisine l’impossible est requis.
Seuls les esprits de lumière le peuvent et en ont la permission.
Vous comprendrez donc, Gerhard, que ce médium doit assimiler consciemment toutes ces vérités spirituelles vécues lors de sa désincarnation, dans son corps matériel.
Or, celui qui vit dans la foi ne peut s’égarer, et celui qui se donne comme un enfant recevra une sagesse que les savants terrestres ne connaîtront jamais.
Une fois que le contact est établi, le danger est écarté, et le médium passe consciemment dans notre vie.”
“Mon Dieu, quelle bénédiction
d’en savoir déjà autant sur notre vie tout en étant sur terre!
Alors plus aucun danger ne le menace à présent, frère?”
“Non, Gerhard, il a vaincu ce danger et il n’y a plus de danger pour lui.
Il est conscient, et celui qui est conscient de sa condition porte ce savoir comme une possession éternelle.
Celui qui est votre ami s’est délivré de toutes les jouissances et désirs matériels.
Il vit uniquement pour son maître, ses dons et la volonté de faire quelque chose pour l’humanité, et cela détruit tout danger potentiel.
Il vit comme un médium, et il le faut s’il veut atteindre son but.
Vous voyez ce qui a été obtenu ici.
L’homme terrestre ne pourra pas l’admettre, car il veut voir et entendre par lui-même.
Cet instrument a pénétré profondément dans notre vie, tandis que l’homme qui ressent les choses et pense de façon matérielle ne sera jamais capable de sentir à quel point notre vie est sacrée.
Nous avons cependant pu atteindre de nombreuses personnes, et celles-ci nous aideront à répandre le spiritisme sur terre.
La bénédiction de Dieu repose sur ce travail, mais ce même travail peut devenir une malédiction, comme chez ceux qui s’oublient.
Il faut être bien campé sur ses deux jambes pour porter tant de richesse. C’est le cas heureusement chez un grand nombre d’hommes, et ils permettent d’accomplir beaucoup de choses.
Une fois de plus, Gerhard, ne vous faites pas de soucis pour lui, car il est entre des bonnes mains.”
C’était la première fois que je te voyais depuis ma mort.
Les dons que l’homme a reçus de Dieu sont si grands, purs et sacrés.
Tes doigts survolaient le clavier de la machine à écrire, et durant le peu de temps que j’ai passé chez toi, tu as rempli dix grandes feuilles.
Tu allais bientôt terminer un chapitre.
Je t’avais connu durant ma vie sur terre et connaissais ton passé.
Tu n’étais pas instruit, et dire que tu arrivais à faire tout cela! C’était prodigieux pour moi.
Je vivais à nouveau ce que j’avais vu à l’époque.
Je revécus la scène du cimetière, et les mots que j’ai prononcés alors ma flagellèrent l’âme.
Que la vie spirituelle et le spiritisme sont sacrés! J’aurais voulu le répéter des milliers de fois.
Tu étais entouré par une grande paix: la paix de l’esprit qui travaillait à travers toi et qui était ton guide.
Je sentais que le frère voulait partir mais je n’arrivais pas à me détacher de toi.
J’aurai bien voulu rester ici infiniment, mais il fallait que cela s’arrête.
Je m’étais enrichi d’un savoir, et j’avais surmonté ma déception de n’être vu par toi.
Je comprenais enfin quelle difficulté c’est d’être un médium sur terre,
de voyager dans notre vie et de devoir vivre sur terre! C’était une énigme pour moi de voir que tu le supportais,
mais je sentais que c’était la réalité, et qu’il était inutile de me faire des soucis puisqu’on veillait sur toi.
Nous avons pris congé de toi et de ton maître.
Sur notre chemin j’ai demandé plusieurs choses au frère, et je ne fus rassuré que lorsqu’il m’eût tout expliqué.
Puis nous avons visité plusieurs cimetières où des hommes se rendaient auprès des tombes de leurs bien-aimés,
et j’y ai vu des scènes terribles. Pourquoi les cherchent-ils là-bas,
puisqu’ils n’y sont pas?
Posez donc vos fleurs devant leur portrait dans les pièces où vos bien-aimés ont vécus et travaillé, où ils vous ont parlé, mais ne posez pas ces fleurs coûteuses sur des tombes qui ne contiennent que des ossements.
Cela attriste l’esprit qui vit de ce côté,
et c’est l’appel que je veux faire aux hommes.
Ils rendent visite à leurs morts, alors que ces derniers, que l’on croit morts, les accompagnent sur leur chemin vêtus d’un habit splendide et entourés de lumière.
N’est-ce pas déplorable que tous l’ignorent sur terre?
Lorsque nous avons discuté au cimetière de toutes ces choses, Jozef, j’ai quand même dit une grande vérité, notamment “que les os sont incapables de parler”,
mais je le disais en me moquant et je n’aurais pas dû.
Auprès des hommes endeuillés, j’ai vu l’esprit, triste de ne pouvoir les atteindre.
J’y ai vécu de nombreuses scènes dont une m’a touché particulièrement.
Je te la raconterai.
Soudain, je pensai à mon propre corps.
Où donc se trouvait mon enveloppe matérielle?
Était-elle enterrée ici même?
Je regardai mon maître, et il sut aussitôt à quoi je pensais.
C’est à cet instant que j’ai compris pourquoi nous étions venus là,
et je demandai au frère: “Mon enveloppe matérielle est-elle ici?”
Il me prit par la main et me demanda: “Êtes-vous suffisamment fort pour voir votre corps, Gerhard?”
Je réfléchis un instant avant de répondre. “Oui, je veux voir mon corps.
Maintenant que j’ai vécu tout le reste, je veux également vivre cela, aussi terrible que cela puisse être.”
“Alors venez, suivez-moi.”
“Comment savez-vous où je suis enterré?”
“Par la concentration, mon ami, uniquement par la force de la pensée.
Vous me servez de contact, et grâce à vous, je retrouverai ce qui vous a jadis appartenu.”
Je tremblais et sentais mon cœur palpiter.
Nous somme passés devant plusieurs tombes, puis mon maître s’arrêta enfin.
Je lus alors: “Ici repose G. D.”
“Votre enveloppe matérielle,” me dit le frère, “votre corps qui a caché le corps psychique pendant votre vie terrestre.”
Je pris place au pied de ma propre tombe et me regardai.
J’étais mort, or je vivais et contemplais ce qui m’avait appartenu autrefois.
À travers la terre, je me vis en état de décomposition.
Peux-tu imaginer une chose plus horrible, Jozef?
Je repensai alors à ma vie terrestre.
Il y avait des fleurs sur ma tombe, déposées par mes bien-aimés.
Je sentais leurs pensées affectueuses pour moi qui étais ce décédé.
Ce fut une scène horrible.
Pourquoi venez-vous me chercher ici, mère, au lieu de me chercher tout près de vous? me demandai-je.
Combien de fois mes proches étaient-ils venus et avaient pleuré. Je pouvais encore sentir leur chagrin.
Bientôt, il n’y aurait plus que les os, il n’y en avait plus pour longtemps.
Mais malgré mes efforts il m’était impossible de pénétrer dans ce corps.
Je butais sur quelque chose et je me rendis compte que mon maître m’en empêchait.
Je m’étais défait de mon enveloppe terrestre en échange d’une autre qui, elle, était éternelle.
Mon Dieu, quelle puissance dans ces retrouvailles, l’homme se voit petit et insignifiant lorsqu’il lui est permis de vivre cette expérience.
Je me sentais ainsi, petit et insignifiant, car j’étais très bouleversé.
Mais aussi horrible qu’elle fût, cette image fut instructive.
C’est là que ma mère tentait de me retrouver, là qu’elle versait ses larmes alors que je n’y reviendrais jamais.
Je voulais partir loin de là.
J’avais cru que je pourrais le supporter, mais cela me dépassait.
Que Dieu est grand pour commander ce tout,
car “vous êtes poussière et vous retournerez à la poussière!”
Je me rappelai ces paroles,
j’avais moi-même été de la poussière et j’étais retourné à la poussière.
Debout, au pied de ma tombe, j’ai prié, intensément, très intensément, afin que la force me soit accordée pour ouvrir les yeux à mes bien-aimés.
C’est pour cela que je priais, et mon maître se joignit à ma prière.
Je ne reviendrais jamais là, je le savais et le sentais avec certitude.
Mère, chère mère, ne revenez plus ici!
Je suis vivant et heureux, et un jour je vous reverrai.
Parsemez de fleurs les chemins humains tant que vos proches sont en vie.
Donnez de l’amour à tout ce qui vit, mère, et dès lors vous sentirez la vie éternelle,
après quoi vous ne reviendrez plus ici.
Ne me cherchez plus ici. Je ne veux plus voir ce qui se trouve ici.
Je suis en vie, Dieu merci, tandis que le reste est mort.
J’ai regardé mon enveloppe matérielle une dernière fois et suis parti rapidement de cet endroit pour ne plus jamais y revenir.
Je pensai alors à toi, Jozef, avec encore plus d’admiration pour ta capacité à mettre notre vie noir sur blanc, de façon à ce que l’humanité sache.
J’étais profondément abîmé dans mes pensées lorsque nous partîmes en silence.
Nous avons recommencé à visiter des cercles spirites où de nombreuses personnes étaient réunies.
Dans une grande salle, on donnait des messages à partir d’objets,
tandis que plusieurs esprits entouraient un médium, désireux de pouvoir communiquer, parce que leurs proches se trouvaient dans la salle.
Ils étaient nombreux à être mis en relation. Mais de notre côté, ainsi que sur terre, des centaines rentraient, déçus de n’avoir pu entrer en contact.
Si les hommes pouvaient voir le nombre d’esprits présents à ces séances, ils auraient peine à le croire.
Mais peu d’entre eux ont pu être identifié.
Ce travail est également très beau et c’est bien de se rendre disponible.
J’apprenais énormément de choses sur terre et compris la difficulté de nous voir et de nous entendre.
J’appris à connaître cette difficulté grâce au frère qui m’expliqua tout lors de ce voyage sur terre.
Ensuite, nous avons visité d’autres pays.
Je n’avais jamais voyagé durant ma vie et je faisais désormais de grands voyages en compagnie du frère, si bien que j’ai vu la planète entière.
Tout ce qu’il me montrait était prodigieux.
Il allait où il voulait, et sans le demander, nous entrions dans des palais et d’autres édifices importants.
Sur notre chemin j’ai rencontré de nombreux esprits, des frères et sœurs qui, comme moi, étaient venu pour connaître ces endroits.
Nous voyagions du nord vers le sud et de l’est vers l’ouest,
et cela a duré longtemps.
Je comprenais la plupart des choses:
des énigmes, des scènes que je ne dirais pas. J’ai vu la véritable vie sur terre avec toutes ces horreurs.
Gare à celui qui s’oublie,
car s’il vit comme ces hommes que j’ai vus, les sphères ténébreuses les attendront.
C’est là qu’ils se rendront compte de leurs méfaits.
À un moment donné le frère me dit: “Nous resterons ici un instant.”
Je regardai autour de moi pour voir ce qu’il allait me montrer,
mais il ne dit rien. C’était étrange, car jusque-là, il m’avait toujours donné des explications.
J’ai vu peu à peu à quel endroit je me trouvais, puis je t’ai vu.
Quelle surprise!
“Jozef, c’est moi!” me suis-je écrié.
“Mon ami, est-ce vraiment toi?
J’ai reçu ton message, Gerhard, comme tu as changé!”
Débordant de reconnaissance, j’ai embrassé le frère.
Sans m’en rendre compte, nous étions retournés chez toi, à l’endroit même où tu participais à une séance.
Je trouvais également prodigieux de pouvoir retourner à certains endroits aussi rapidement.
Le frère m’a alors aidé à entrer en contact avec toi.
Je t’entendais parler, et comme tu le sais, je ne pouvais pas dire tout ce que j’aurais voulu, ce qui fut une déception, autant pour toi que pour moi.
Mais lorsque j’ai appris la raison pour laquelle il ne fallait pas tout dire, j’ai été très heureux.
Tu étais le seul à ne pouvoir le comprendre, mais le moment est venu où je peux t’en parler,
et tu vas comprendre pourquoi je ne suis pas venu chez toi de toute la semaine.
J’étais en voyage avec le frère, et je t’ai rendu visite une fois, mais nous n’avons pas pu entrer en contact.
J’ai passé toute la soirée auprès de toi, puis nous sommes partis.
C’est alors que j’ai appris que si j’arrivais à tenir, il me serait permis de revenir chez toi pour raconter ma vie, telle que le faisait ton maître.
Le frère le savait depuis longtemps puisque le maître le lui avait dit.
Tu connais la suite, c’est pourquoi je peux poursuivre,
mais avant de continuer je voudrais dire ceci: on voit très loin dans le futur dans l’au-delà, Jozef!
N’est-ce pas prodigieux?
De ce côté, ils savaient déjà que cela aurait lieu lorsque je vivais encore sur terre.
Durant mon retour vers ma propre sphère, le frère me mit au courant de ce grand événement.
Je fus si heureux en l’apprenant!
Les guides spirituels supérieurs, que tu connais, avaient annoncé au frère qu’il m’était permis de remplir une partie du livre.
En effet, un esprit est capable de voir des centaines d’années en avant s’il le veut.
Une fois de retour dans ma sphère, je réfléchis à énormément de choses.
Je recherchai la sérénité de la nature afin de tout assimiler,
ce qui pris des mois, et une fois prêt, il était temps de descendre dans les ténèbres.
J’étais préparé cette fois-ci, Jozef, grâce à l’école, puis, grâce à mes expériences sur terre. Ce n’est que lorsque tout fut assimilé au plus profond de mon âme que je fus prêt à travailler pour les autres et pour mon bien.
J’avais échangé des idées avec les gens que j’avais rencontrés, et plus personne ne pouvait m’influencer. Le sol de mon chemin spirituel était désormais solide.
À l’intérieur de moi, ça avait commencé à dégeler: j’avais appris à me connaître.
À tous ces gens je racontai ce que j’avais vécu.
Figure-toi qu’ils se sont moqués de moi, eux aussi. Ils refusaient ou étaient dans l’incapacité de l’accepter.
Ils étaient comme des morts vivants, et bien qu’ils eussent entendu dire souvent la même chose, ils refusaient d’y croire.
Ces gens ne se réveilleront pas avant longtemps.
Je pouvais désormais voir à travers eux et connaître leur syntonie.
Ils m’appelaient pasteur à cause du costume noir que je portais toujours.
Ils savent faire les pitres ici aussi, et rire,
mais tu comprends sans doute qu’ils se rendaient ridicules.
C’est pourquoi je les ai laissé rire, car ils ne cesseraient de rire avant longtemps.
Cela faisait de nombreuses années que leur état évoluait à peine.